Avro Lancaster B-MK III
 
 
(les titres)   (page d'accueil) (bas de page)

Dans la série "Les grandes batailles", (documentaires historiques présentés par Daniel Costelle et Henry de Turennes, entre 1967 et 1974), voici une autre reconstitution historique ayant pour thème un événement datant de la seconde guerre mondiale lié à l'histoire locale de la petite ville qui m'a vu grandir. En juillet 1942, la Belgique vivait sous l'occupation allemande et, la nuit venue, sous le couvre-feu et l'occultation complète.

Car lorsque le temps le permettait, la RAF envoyait ses bimoteurs et quadrimoteurs bombarder l'Allemagne dans un flux permanent appelé Stream, passant et repassant par dessus la Belgique. Celui-ci était constitué d'un large couloir aérien dans lequel les bombardiers circulaient pour se rendre individuellement sur leurs objectifs. Contrairement à la politique américaine consistant à organiser des bombardements massifs de précision et de jour, la RAF se focalisa dans le bombardement de nuit nettement moins précis mais d'une grande efficacité grâce aux charges offensives importantes que pouvaient emporter ses bombardiers.

Parmi les grands oiseaux de nuit de la RAF et aux côtés des Handley Page Hallifax Hampden, des Vickers Wellington et autres Short Stirling, l'Avro Lancaster, construit à plus de 7.000 exemplaires, passe pour être la machine la plus représentative de cet épisode noir de l'histoire de la guerre aérienne. Cette nuit-là, vers 3h30 du matin, un bombardier quadrimoteur Lancaster, revenant d'une mission sur Sarrebruck, est pris en chasse par un bimoteur Messerschmitt Bf 110 de chasse de nuit qu'un ciel dégagé met en position de force.

Face à un équipage allemand aguerri, le combat est perdu d'avance et le quadrimoteur, mortellement touché, explose à la verticale de la petite ville endormie, tuant instantanément ses sept occupants. Des débris enflammés, ainsi que des corps, tombent sur diverses maisons et dans les jardins attenants. Un des moteurs s'écrase sur la chaussée traversant le bourg et un autre sur une école, toute proche, utilisée à ce moment comme dortoir par des hommes de troupe du Heer (Wehrmacht), faisant ainsi plusieurs victimes. On retrouvera des morceaux de l'appareil sur plus d'un kilomètre carré.

Plusieurs membres de ma famille vécurent cette tragédie. Cinquante ans plus tard, un chroniqueur local s'intéressa à cette dramatique équipée que le temps et l'indifférence générale plongèrent peu à peu dans l'oubli. Je lui dois les précisions qui m'ont permis de réaliser cette maquette.

La maquette du Lancaster B-MK III immatriculé R5728 (50ème escadrille) et codé VN-L (L for love) trouve ses origines chez le fabricant britannique Airfix et est à l'échelle 1/72ème. Ce modèle est le dernier Lancaster à être reproduit par la firme et est d'excellente facture.

la qualité du moulage approche des sommets rarement atteints chez ce producteur et le plastique noir de l'ensemble est agréable à travailler. Le montage du modèle ne présente aucune difficulté particulière. Le camouflage des bombardiers britanniques était standardisé à l'extrême (noir pour les flancs et le dessous, vert et brun pour le dessus) ce qui rend le modèle évoqué ici quelque peu anonyme. Le lancaster "L for love" est présenté soute grande ouverte (sur une aire de dispersion) alors qu'on l'approvisionne en charges offensives.

Les ultimes réglages viennent d'être effectués sur son moteur extérieur gauche (l'échafaudage des mécaniciens en atteste). La bâche sur l'aile gauche est réalisée avec du papier de soie peint aux gouaches mélangées à de la colle à bois. Le Lancaster est entouré par du personnel de maintenance et on arme encore les mitrailleuses de sa tourelle dorsale. Le sol, composé de grandes structures bétonnées, est simulé grâce à une feuille de papier Canson fort de couleur beige-clair, sur laquelle sont tracées au crayon, puis mises en valeur, les différentes dalles. Le tracteur de piste (pièce exceptionnelle) provient des surplus de la maquette d'un Stirling produite par le même fabricant. Sur une des photos, on peut aussi apercevoir deux mécaniciens tractant une énorme batterie servant au démarrage des moteurs.

Bientôt l'équipage va prendre place dans le lourd quadrimoteur pour ce qui sera son ultime voyage jusqu'au bout de l'enfer.

Il reste peu de choses commémorant cet événement tragique, à l'exception d'un ouvrage méticuleux relatant l'aventure (œuvre du chroniqueur en question) où sont notamment consignées les photos d'époque représentant les lieux du crash et l'enterrement local des aviateurs britanniques, ainsi que quelques souvenirs d'enfance attenant à un immeuble gravement touché par la chute d'un réservoir en feu et demeuré en l'état jusqu'au début des années 1960.

Mais pour ce qu'il en est de la maquette, je tiens à rassurer tout le monde: les hélices sont mobiles ! Ce n'est pas que j'y tienne particulièrement (cela n'apporte en effet rien aux vertus de la reproduction); mais c'est que cela permet de parer à toute éventualité lorsqu'un non initié veut y mettre la patte. Par expérience, je sais que c'est le premier geste bon enfant précédant un avertissement arrivant toujours trop tard.

(haut de page)