Bristol Bulldog IV A
 
 
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Voici une mise en situation présentant un Bristol Bulldog IV A de l'aviation finlandaise, stationnant en bord de piste, lors de la guerre qui opposa la lilliputienne Finlande au géant Russe, en novembre 1939. L'armée finlandaise, bien que numériquement très inférieure à l'assaillant soviétique, lui maintint la dragée haute pendant 105 jours au bout desquels elle dû déposer les armes et céder 10% de son territoire ainsi que 20% de son potentiel industriel, le tout sans réaction (ou presque) des nations alliées. Cette guerre est connue des historiens sous le nom de "guerre d'hiver" qui, malgré une victoire sur le terrain, aboutit à un désatre militaire soviétique, tant leurs pertes furent lourdes.

L'aviation finlandaise était notamment équipée de quelques désuets Bristol Bulldog, un chasseur anglais mis en service au tout début des années 1930. Pour l'aviation finlandaise, dix-huit de ces machines avaient été modifiées par l'adoption d'une structure renforcée et d'un moteur Mercury VIs2, plus puissant que celui d'origine.

Petite particularité: ce petit chasseur appartenait encore à la génération des avions biplans. Le biplan est, en matière de modèle réduit, un avion complexe à représenter en fonction de la sophistication de son haubanage (le câblage croisillonné, rigidifiant les deux plans et leurs mâtures). A l'exception de la présente réalisation, ce fut la raison principale qui m'incita à contourner l'époque des multiplans, pourtant historiquement et esthétiquement très intéressante.

La maquette utilisée pour cette conversion fut celle proposée par le fabricant Airfix qui commercialisait, il y a bien longtemps de cela, un magnifique Bristol Bulldog à l'échelle 1/72. Celui-ci était moulé dans un plastique gris-acier particulièrement agréable à travailler. Ce modèle réduit offrait un haut niveau de précision et son moulage, dépourvu de bavures, était parfait. La représentation du moteur originel, sans capotage, affichant ses cylindres en étoile était tout bonnement exceptionnelle pour l'époque et surtout à cette échelle. Malheureusement, ce n'est pas ce moteur qui est ici représenté. La seule amélioration que je me suis permis d'appliquer sur le modèle (outre la conversion finoise) fut le découpage des différentes gouvernes, repositionnées de manière plus naturelle.

Pour réaliser le haubanage principal (celui reliant les deux plans de la grande aile) sur un modèle réduit à l'échelle 1/72 comme celui-là (pas plus grand que ma main), j'ai utilisé du fil de pêche fin. Après avoir repéré le tracé du fil devant représenter le câblage des plans de façon la plus conforme possible, j'ai perforé les ailes à divers endroits, de manière à ne placer, suivant un circuit alambiqué, qu'un seul fil par côté. Au passage sur et sous les ailes, j'ai tracé de petites saignées entre les trous de manière à loger le fil, passant sur le plat pour qu'il ne soit plus vu. La maquette fut alors montée et peinte jusqu'à ce que la mise en place du haubanage soit atteinte. A ce moment, le fil de pêche a été positionné et maintenu sous légère traction (sans tension) par le simple poids de pinces à linge. Un point de colle forte est venu ligaturer leurs terminaisons. Le haubanage solidement maintenu en place, il resta à finaliser le tout en tendant harmonieusement le fil de pêche, de manière à évoquer au mieux ce fameux haubanage. Le travail fut, bien évidemment, répété d'une paire d'ailes à l'autre. Tout le succès de cette réprésentation reposait ensuite sur une bonne maîtrise du procédé permettant de tendre le fil de pêche. J'en explique les grandes lignes.

Préalablement, il convient de se munir d'un fer à souder (le petit modèle, pour soudures électroniques) et de le porter à température. Cela fait, il s'agit de venir en passer rapidement la pointe le long de chaque brin de fil de pêche, sans jamais le toucher. En guise de préparation, je m'étais fait la main (comme on dit) sur un échantillion, de manière à domestiquer la sensibilité thermique d'un fil de nylon pour que celui-ci se contracte sous l'effet de la chaleur et se tende entre deux points d'encrage. Cette technique est extrêmement périlleuse à appliquer car un simple toucher ou un passage trop lent le long du fil risque de le briser soit sous l'effet d'un excès de chaleur ou d'une trop grande tension. Si cela survient, il faut recommencer toute la mise en place (l'horreur) ! C'est donc un quitte ou double particulièrement délicat que la réalisation de ce haubanage.

Par contre, le résultat est à la hauteur des espérances et l'aspect de la maquette n'en est que plus allégé, à l'égal de ces délicates machines qu'étaient les biplans. Il restait ensuite à mastiquer les rainures et à repeindre les endroits travaillés, le tout avec la plus extrême des délicatesses.

Les petits haubans (ceux présents entre les petits mats fixés au cockpit ou aux armatures du train d'atterrissage) ont été réalisés en platique étiré et collés en place à l'égal d'une pièce de maquette.

Le train d'atterrissage a d'ailleurs été remplacé par une paire de patins (de ma composition) comme ceux qui étaient utilisés en période hivernale sur ce type de machine et sous ces climats.

Enfin et c'est là le plus facile, le moteur d'origine (celui fourni avec la maquette) a été remplacé par un autre provenant de ma boîte à rabiots et prélevé sur un Gloster Gladiator à l'échelle 1/72 (un autre biplan anglais de l'époque) qui était précisément équipé d'un moteur Mercury.

Le modèle terminé, non sans mal, a été placé en situation sur un socle reproduisant un emplacement hors piste, comme après avoir été poussé à reculons vers les abords d'un arbre mort, évoqué par la racine séchée d'un végétal quelconque. Quelques figurines viennent mettre une dimension humaine à l'ensemble de cette réalisation dont je ne suis pas peu fier.

Mais connaissant mes limites dans le domaine du haubanage (et la chance insolente dont j'ai bénéficié à propos de la présente maquette), je n'ai jamais renouvelé l'expérience. Ce Bristol Bulldog fut donc mon seul et unique biplan réalisé en tant que maquettiste confirmé.
Cela valait la peine d'être raconté, non ?

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