Messerschmitt Bf-110 "Zerstörer"
 
 
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Rappelez-vous la tragique fin de ce bombardier Avro Lancaster qui, lors d'une nuit d'été 1942, en repassant par dessus le territoire belge, avait été abattu par de la chasse de nuit allemande et c'était écrasé sur le centre d'une petite ville endormie, tuant les sept membres de l'équipage et faisant quelques victimes au sol, notamment chez l'occupant.
Si vous n'en avez plus le souvenir, retournez consulter l'article qui lui est consacré dans ces pages.

Cette fois, la tragédie est observée à partir du camp adverse et c'est une victoire supplémentaire qui vient, par la même occasion, s'ajouter au tableau de chasse d'un pilote chevronné de la Luftwaffe. A bord de son puissant bimoteur Bf-110, l'oberleutnant Reinhold Eckardt exulte. Il vient de remporter sa troisième victoire de la nuit en abattant un bombardier britannique et compte bien en décrocher une quatrième avant de rentrer à la base. S'il y parvient ce sera un triomphe pour lui comme pour son escadrille. Il ne s'attarde donc pas sur les lieus où vient de s'abattre sa dernière victime et prend la direction de Bruxelles où le contrôle radar au sol lui signale un nouvel objectif possible.

Mais ce faisant, il se précipite vers une destinée funeste car cette fois, l'équipage du bombardier qu'il vient de prendre pour cible se montre le plus vigilant et c'est son Bf-110 qui part en flammes, criblé par les quatre mitrailleuses d'une tourelle arrière manipulée de main de maître.
Eckardt sauta bien en parachute mais celui-ci resta accroché à l'empennage arrière de l'avion en perdition. On retrouva son corps avec les débris de l'appareil. Son opérateur radio eut plus de chance puisque son parachutage se termina par quelques légères blessures. Il fut secouru dès son arrivée au sol et pu ainsi faire un rapport circonstancié sur les événements de la nuit.
Ainsi disparu un des grands pilotes de la chasse de nuit allemande au palmarès édifiant: à titre posthume Eckardt fut crédité de dix-sept victoires au sol et de vingt-deux en combat aérien.

Le Messersmitt Bf-110 était un chasseur bimoteur lourd qui connut ses heures de gloire lors de la campagne de Pologne et atteint ses limites en tant que chasseur d'escorte lors de la bataille d'Angleterre. Puissant, racé, rapide, solide mais peu maniable face aux chasseurs monomoteurs de la RAF dont il devint rapidement un gibier de choix et sur les 237 apareils engagés au-dessus de la Manche, 223 furent perdus.
Reinhold Eckardt était un de ces aviateurs ayant participé aux batailles de France et d'Angleterre au sein du Zerstörergruppen I//ZG 76 qui était équipé de Bf-110 C & D. Il fut au nombre des rescapés du fameux 15 août 1940 où le groupe connu son plus lourd revers face aux chasseurs de la RAF, défaite qui aboutit au retrait rapide du Bf-110 des opérations diurnes lancées par la Luftwaffe au-dessus de la mer du Nord.
La reconversion du Bf-110 en chasseur de nuit en fit une arme parfaitement adaptée aux nouvelles exigences de la guerre. Ses grandes dimensions permirent d'emporter un impressionnant matériel de détection ainsi qu'un armement destructeur et son équipage fut parfois porté à trois membres. Les bombardiers, lents et massifs devinrent alors ses cibles favorites parmi lesquelles il fit des ravages.

La machine pilotée par Eckardt était de type E-2, difficilement identifiable des autres versions, sur base d'un profil inchangé (seul le type G offrait une silhouette singulière par rapport aux versions précédentes). Son indicatif était D5+AR et il appartenait au groupe de chasse 7/NJG 3 basé à Saint-Trond (Belgique) Il était pourvu d'un équipement radio permettant au contrôleur radar resté au sol de guider le chasseur vers une cible occasionnelle.

Pour représenter l'appareil que pilotait Eckardt, j'avais choisi la maquette du Bf-110 à l'échelle 1/72 du fabricant japonais Fujimi, commercialisée il y a de nombreuses année déjà. Comparé aux référentiels de l'époque, ce kit offrait un niveau de détails frôlant la perfection.

Moulée dans un plastique gris-verdâtre, le kit bénéficie d'une gravure en creux et d'une finesse de moulage assez exceptionnelles pour l'époque. Malgré un nombre de pièces particulièrement conséquent, son montage fut facile et agréable.
La boîte du kit propose plusieurs décorations permettant de représenter un Bf-110 D équipé d'un long réservoir ventral sous gondole où de deux réservoirs d'ailes mais aucuns de ceux-ci ne seront utilisés pour présenter un Messerschmitt Bf-110 E chasse de nuit, utilisé en configuration lisse. La maquette a été intégralement peinte en noir (à peine éclairci) et seule l'apposition d'un écusson symbolisant une appartenance à la chasse de nuit est mis en place sur le fuselage, en avant du cockpit. Les lettres d'indicatif et l'écusson proviennent d'une planche de décalcomanies acquise à part.
Affichant une physionomie particulièrement conforme à la réalité, la maquette se permet d'être montée avec la verrière du poste de pilotage ouverte et je n'ai pas manqué de le faire pour évoquer une machine apprêtée pour un départ en mission (sans doute la dernière de Reinhold Eckardt) dans une mise en situation, entourée de quelques éléments de décor formant le cadre champêtre de ce splendide diorama évocatoire.

Parmi ces éléments de décors, on peut admirer deux camions Opel-Blitz. Le premier est un véhicule bâché tout à fait classique (monté tel que) mais le second est une petite construction toute personnelle (du pur scratch build) et représente un camion citerne essence comme il n'en existait pas en modèle réduit et à cette échelle au moment de la réalisation de ce diorama. Cette maquette est basée sur la conversion d'un Opel Blitz dont je n'ai retenu que le châssis. La cabine a été revisitée (toit bâché) et la citerne est une construction menée à partir de bouts de plastiques, sur base d'un plan à l'échelle.

Une pièce de DCA (4 tubes de 20mm) complète le décor. Celle-ci est entourée d'une enceinte légère, édifiée en sacs de de terre. Ces sacs ont été sculptés, par mes soins, dans une pâte à modeler à séchage lent. L'emplacement ou stationne le Bf-110 est accessible via un chemin à petits pavés qui ont été tracés à la pointe sèche sur un base en plâtre.
Le tout a été agrémenté par diveses figurines venant de différents horizons et dont certaines sont en métal. Leur présente donne une parfaite idée de la taille de ce lourd oiseau de nuit.

La réalisation de ce diorama a été rendu possible grâce aux informations collectées par un chroniqueur local qui, cinquante ans plus tard, s'intéressa aux événements qui se déroulèrent dans le ciel étoilé d'une petite commune de Belgique durant le second conflit mondial.
Il y avait de quoi être assez inspiré pour se lancer dans une reconstitution historique, non ?

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