PLANESCAPE TORMENT
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Juin 2005
Données techniques :
Type de jeu : rôle
Version : française intégrale
Conception : Black Isle
Autres titres : Fallout 2, Icewind Dale 1 & 2, Baldur's Gate 2 (Throne of Bhaal)
Distribution : Interplay
Sortie : février 2000
Configuration minimum : Pentium II 350
Système d'exploitation : Windows 98, Windows XP (en mode compatible)
Accélération graphique : Direct3D

L'histoire du jeu :
Quelque soit le jeu dans lequel on lance une partie, il est peu fréquent de se réveiller, virtuellement parlant, dans une morgue parmi les cadavres en état de décomposition, avec un crâne flottant à ses côtés, le tout donnant indubitablement l'impression de ne pas être en terres inconnues. Pourtant, c'était bien par cette étrange introduction que le joueur faisait connaissance avec le monde de Planescape Tormant, un jeu de rôle totalement hors lignée par rapport à ce que proposaient la majorité des jeux du genre, basés sur les règles du AD&D qu'avait pu nous concocté les studios de développement connus sous le sobriquet de TSR, célèbre développeur issu du monde étonnant du jeu de rôle papier.
Déroutant, en effet, ce genre de préambule. Car en tant que néophyte en matière de jeu de rôle, je m'étais pourtant rapidement investi dans l'ambiance sordide dégagée par la situation, pour le moins funeste.
Premier constat d'entrée: en observant l'écran du jeu, on s'apercevait immédiatement que le moteur graphique de Planescape Torment n'était pas un inconnu. Et pour cause ! C'était le même que celui qui avait servi sous Baldur's Gate, un autre très grand cador du jeu de rôle, imaginé par les mêmes auteurs et qui avait fait énormément parler de lui, un an avant celui-ci. Ensuite et en se focalisant sur le personnage principal (celui qui incarnait le joueur) on remarquait que ce dernier était à l'opposé de l'intrépide, beau, noble et jeune chevalier que l'on retrouvait habituellement dans le rôle du héros présent dans la toute grande majorité des jeux du genre.
L'expression utilisée tout au début de ce chapitre ne convient pas tout à fait à la présente situation. Le personnage principal ne se réveillait pas. Plus précisément, il revenait dans le monde des vivants (notez, c'est encore autre chose que de revenir à la vie). Son état précédent étant celui de cadavre, il en résultait quelques séquelles au point de vue visuel tant qu'olfactif (bien que ces dernières n'étaient encore que suggérées). Pour ne pas tourner autour du pot, lorsque celui-ci se regardait en face, il n'était pas beau à voir. Un rapide inventaire en était la preuve. Au personnage principal, il devait manquer un œil, sa peau était grisâtre et si l'odeur pouvait se représenter en image, on n'aurait pu tenir plus de vingt secondes devant l'écran. Bref, un véritable prix de disgrâce.
Il est vrai, et on l'apprenait de la bouche même du crâne (c'est très drôle ça, l'apprendre de la bouche d'un crâne qui entre parenthèses se nommait Morte), qu'un sort peu enviable lui permettait (au putride en question) de trépasser à l'infini et à chaque fois, de réapparaître dans cet univers nécropolien (j'invente le mot si je veux).
L'immortalité représentait un fardeau bien lourd et qui plus est, le personnage qui en était atteint était, à chaque fois, incapable de se souvenir de son passé. Tout comme on pourrait le dire de notre époque: voilà un bilan de départ bien affligeant. Mais, comme pour ce qu'il en est de notre époque, on allait s'y faire rapidement.
Le monde de Tormant n'évoluait pas dans les bleuets et les couleurs pastelles. A l'instar des Baldur's (et d'autres encore ou plus généralement du genre lui-même), une des aspects du jeu consistait à dialoguer avec les personnages non joueurs (PNJ) peuplant le monde visité. Ces dialogues avaient une importance capitale pour avancer dans l'aventure (la réalisation de quêtes, tout ça...) et le joueur avait tout avantage à utiliser cette ressource en allant jusqu'au bout des possibilités du dialogue avec chaque intervenant, afin d'y découvrir un indice intéressant, et dans Torment, y compris avec Morte, le premier être vivant (pardon, trépassé) rencontré dans ce monde étrange. Morte connaissait bien des choses mais savait aussi se fait tirer l'oreille (au sens figuré, bien entendu) pour restituer l'information. Il fallait donc la cuisiner sans relâche pour l'obtenir. Alors que le personnage principal (qui se nommait Sans-Nom, puisque précisément il ne se souvenait de rien), se redressait péniblement sur son billot, le dialogue s'installait entre lui et Morte (le crâne flottant). Il se dégageait de ce dialogue un humour particulier qui allait parsemer toute l'aventure. Cet humour participait au plaisir que le joueur prenait à découvrir et à rechercher dans des dialogues qui jamais ne paraissaient pesants. C'était d'ailleurs un humour qui convenait parfaitement à la situation rencontrée dans cet univers tout à fait particulier où la mort n'était pas plus étrangère qu'une délocalisation brutale d'une multinationale dans le nôtre.
Je ne vais pas m'appesantir sur toutes les caractéristiques de ce jeu, pas plus que ne m'attarderai sur la trame de l'aventure dont je laisse la découverte à l'appréciation de chacun. Mais ce sont bien ces caractéristiques qui faisaient que Planescape Torment était au moins et en cela, comparable à d'autres jeux de rôles (gestion des caractéristiques du personnage, acquisition de points d'expérience, évolution et charisme, magies et compétences, gestion d'inventaire, quêtes à réaliser etc...) car c'est tout naturellement que le joueur se sentait mené et attiré dans l'aventure.
Tous ces éléments étaient gérés le plus simplement du monde puisque, à part la quête principale qui était de retrouver toute la mémoire (et cela on le découvrait petit à petit au fil des dialogues), Sans-Nom et le joueur (par transposition) pouvaient aborder l'aventure comme bon leur semblait: choisir le charisme du personnage, mener les dialogues au hasard des rencontres (se montrer agressif, bluffeur, déférent ou menteur tout en sachant que le choix d'une position influençait toujours le PNJ interrogé) pour obtenir des résultats, combattre (comme on peut le faire dans Baldur's: au tour par tour ou en temps réel) ou fuir l'affrontement etc... Moi qui ne suis toujours pas un spécialiste du genre, je n'avais ressenti aucune difficulté à gérer tous ces paramètres dans cette aventure où le temps imparti était laissé à la libre appréciation de celui qui la parcourait.
Il me faut toutefois tempérer cette allégation, particulièrement lorsqu'il s'agissait de guerroyer. Une phase de combat se gérait de la même manière que ce qui se faisait sous Baldur's Gate.Celle-ci se déroulait au tour par tour où chaque belligérant avait droit à son round. Afin de maîtriser la phase d'action du personnage sélectionné, il fallait impérativement configurer la gestion du temps dans le menu principal, en activant (notamment lorsque l'on ne maitrisait pas ce genre de maniement) tous les arrêts de temps sûr le mode action spécifique. Dès lors, on avait toute possibilité de définir quelle action tel ou tel personnage de son camp allait appliquer lors de son round. Par défaut cette option de pause n'était pas activée et l'on pouvait parfaitement, lors des tous premiers combats, contre un seul adversaire, s'en sortir en utilisant la barre d'espace, figeant instantanément le jeu à volonté. Mais lorsque le combat se complexifiait, cette pratique devenait rapidement difficile, voir irréalisable avec maestria.
Comme il avait déjà été constaté, le jeu avait aussi pour lui d'utiliser le moteur de Baldur's Gate conçu par Bioware (Infinity Engine) et qui était ici exploité avec une rare intelligence. Comparativement, Planescape Torment utilisait une interface rénovée, mise au goût du produit et surtout profitait d'un angle de vue beaucoup plus proche des personnages. Si l'on considère Baldur's Gate comme le référent en la matière, on pouvait estimer que la taille des personnages avait ainsi doublé à l'écran et cela pour le plus grand plaisir du joueur.
Chaque personnage devenait donc plus fin et plus distinct. De ce fait, le nombre de détails visibles pouvait être grandement augmenté, et les concepteurs ne s'étaient pas privés de le réaliser afin de rendre l'aspect des villes que le joueur visitait des plus étranges (à l'exemple des villes de Sigil et Maudith).
Un autre aspect de ce gain d'échelle se retrouvait dans la qualité de la calligraphie utilisée dans les dialogues (puisque ceux-ci étaient tous transcrits à l'écran). Cette calligraphie était parfaitement lisible, plus fine, seyante et plaisante à l'œil, par rapport à ce qu'on pouvait en observer dans le susnommé Baldur's gate. Pour dire, les impressions que me laisse ce jeu sont tout aussi curieuses que la vision du monde qu'il propose. Je n'ai jamais retirer celui-ci de la machine sur laquelle il avait été installé afin de pouvoir y retourner lorsque l'envie m'en prend, afin de me replonger dans cette atmosphère profonde et singulière à tel point que j'ai pu trouver particulièrement envoûtant d'y jouer au casque, en période hivernale, lorsqu'il fait froid et nuit dehors.
Avec Planescape Torment, le joueur se retrouvait dans un univers à l'ambiance sonore ( plus que musicale) surprenante, faite de murmures réitérés, imprégnant ce dernier d'une atmosphère particulièrement fantasque, étrange, dérangeante et morbide à souhait. Mais surtout, cette atmosphère s'avérait différente de celle qui agrémentait Baldur's, Gate ou cette dernière était calquée sur le jeu de rôle classique, avec une aventure se déroulant dans un monde d'Heroic Fantasy au sens strict, comme le prescrivait les règles de Advanced Dungeons & Dragons.
Planescape Torment avait su apporter une réelle note de fraîcheur à la série des Baldur's et autres Icewind Dale. Son seul véritable défaut était l'absence inexplicable d'un mode multijoueur. Tout le reste était bon à prendre.

La boîte et son contenu :
La découverte du jeu Planescape Torment a été, pour moi, un véritable coup de cœur. Depuis longtemps, j'espérais intensément dénicher ce jeu dont j'avais pu lire les éloges dans diverses revues spécialisées parues au moment de sa sortie. Malheureusement et jusqu'à ce grand jour béni, jamais l'occasion de me la procurer ne s'était présentée.
Or, lors de la période des grandes soldes de fin d'année 2003, en me rendant dans une grande surface proche, voilà que j'aperçois dans un grand bac métallique réservé aux liquidations rapides, quelques boîtes cartonnées éparses (ce qui était déjà rarissime pour l'époque) de jeux vidéo PC, avec parmi celles-ci la boîte de Planescape Torment.
Il ne s'agissait pas du packaging d'origine mais d'une réédition proposée dans la collection "White Label" de l'éditeur Virgin Interactive. Cette boîte était surmontée d'un beau macaron rouge indiquant que le prix affiché était encore réduit de 50%. Inutile de préciser que je me suis rué, avec une rage compulsive et comme un fauve en rut, sur cette boîte (et sur d'autres) pour m'apercevoir que le prix normal affiché était alors de 8€ (j'ai conservé l'étiquette, en souvenir). Mon sang n'a fait qu'un tour sans passer par la case départ. J'aurais sûrement encore accepté de payer le double sans sourciller afin d'en devenir le détenteur incontesté. Me voilà pris d'une course effrénée jusqu'aux caisses puis jusqu'au domicile où j'eus à peine le temps de l'installer avant de ressentir les grands tremblements compulsifs qui furent les miens alors. Depuis, tout cela c'est arrangé: je compulse toujours, mais sans trembler. Ok, j'exagère...
Cela étant, le packaging se compose d'une boîte cartonnée blanche recouverte d'une simple chemise coulissante (simple, mais de bonne facture) reprenant sur la face avant, la couverture de la boîte d'origine en format plus réduit et sur la face arrière la reproduction exacte du côté pile de la dite boîte.
Le contenu de la boîte se compose d'un gros boîtier plastique renfermant les quatre CD-ROM du jeu, son manuel d'utilisation (fort heureusement, monsieur pdf n'était pas encore passé par là) et en prime un poster couleur au format A2, imprimé sur les deux faces, que je conserve jalousement à l'égal des reliques du temple.
L'ensemble est complété par quelques publicités et cartes de garantie. En somme, exactement ce que contenait le packaging d'origine. Pour parachever le tout le tout, j'ai agrémenté ce contenu d'une solution récupérée sur internet.
Cette boîte avait été récupérée, cerclée par des ligatures plates en nylon. Celles-ci y avaient, malheureusement, laisser des traces qui iront en s'atténuant avec le temps: je m'y engage. Un tel bijou se devait de profiter d'une place de choix dans la bibliothèque qui me sert au remisage de toutes ses consœurs. Ce fut, de suite, chose faite. Elle y restera à demeure.

Et aujourd'hui ?
Planescape Torment offre la même particularité que ses ainés, Baldur's Gate et consorts (particularité dont personne n'aurait à se plaindre) et qui est celle de fonctionner sur toutes les configurations allant de Windows 95 à XP y compris.
Aujourd'hui, le plus difficile sera pour ceux qui ne l'ont pas encore, de dénicher le jeu, car il existe peu de chance de retrouver ce dernier dans les circuits de l'abandonware. Par contre, il se pourrait que le commerce du dématérialisé (un antonyme parfait à la mémoire populaire, celui-là) s'intéresse un jour à un tel chef d'oeuvre pour en mercantiliser la distribution. Dans ce cas, il vous sera encore demandé de sortir quelques bourzoufs pour obtenir (de manière toute virtuelle, cette fois) ce joyau vidéo-ludique en espérant que celui-ci puisse encore s'exécuter dans la langue de Molière...
Ceux qui apprécient le jeu de rôle auront tout loisir de parcourir Planescape Torment car sa durée de vie a de quoi faire pâlir d'envie les toutes dernières nouveautés du genre. On pourrait toutefois regretter l'absence du mode multijoueur. Cette option est déplorable d'autant plus qu'elle s'intégrait parfaitement dans ses prédécesseurs, mais elle ne manquera pas réellement au ravissement du joueur, à l'exception de celui permettant de pouvoir partager son goût pour la grande aventure.
Un seul patch (version 1.1) suffit à régler définitivement quelques petits soucis rencontrés à sa sortie.On le trouve à l'adresse suivante:
http://www.planescape-torment.org/
Pour la bonne bouche, voici un site thématique libellé en français:
http://planescape.free.fr/index2.htm
En voilà du jeu de rôle qu'il était bon ! Alors: si l'occasion se présente, n'hésitez pas.




























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