UNDER A KILLING MOON
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Juin 2006
Données techniques :
Type de jeu: aventure (policier)
Version: originale sous-titrée en français
Conception: Access Software
Autres titres: la série des Links, Martian Memorandum, Mean Street Pandora Directive, Tex Murphy Overseer, Heavy Metal.
Distribution: Us Gold
Sortie: décembre 1994
Configuration minimum: 486 DX2 66
Système d'exploitation: Windows 98, XP (avec DOSBox)
Pas d'accélération graphique
Un seul joueur

L'histoire du jeu :
Il me faut parfois déplacer les boîtes qui constituent la ligne de front sur mes étagères, pour avoir accès à celles qui, remisées derrière, représentent le lot des jeux annonciateurs d'un monde ludique qui aujourd'hui ne répond pas toujours aux espérances d'alors.
C'est ainsi que, dissimulé par une série d'écrins cartonnés contenant des softs plus appropriés aux OS récents (à défaut d'être modernes puisque cette génération de produits était avant tout liée à Windows 98), se trouvent les jeux dédiés à un système d'exploitation dont les plus jeunes d'entre nous ont déjà entendu parler au moins une fois dans leur vie mais auquel ils ne comprennent plus rien.
Il se nomme le Disk Operating System (DOS, en abrégé) et était l'enfant chéri, pendant tout un temps, d'une petite société de développement promise à un bel essor, déjà connue sous le patronime de "Microsoft".
Parmi ces boîtes se niche un jeu qui a définitivement marqué mon attrait pour le jeu vidéo sur PC (la console m'étant totalement inconnue): "Under a Killing Moon".
Under A Killing Moon se trouvait être le troisième volet (les deux premiers épisodes étaient intégralement en deux dimensions et en graphiques animés) d'une série de cinq jeux dédiés aux déboires d'un détective privé dénommé Tex Murphy. Avec ce troisième épisode, la série allait connaître un changement radical via l'apparition du support révolutionnaire qu'était le CD-ROM. Celui-ci ainsi que la carte son, puis la carte graphique, allaient transformer le PC en véritable machine d'arcade avec tous les avantages qu'autorise la technologie évolutive.
Un genre nouveau avait vu le jour et promettait beaucoup en matière ludique grâce à la présence de l'interactivité. Celle-ci autorisait une liberté de mouvements jusque là inimaginable et rendait possible la perspective de vivre des aventures dans un monde réaliste, prenant le pas sur un environnement ludique (jeux d'aventure) trop statique et composé essentiellement de graphismes aux décors fixes dans lesquels l'on contemplait des personnages se mouvant de gauche à droite. Le genre trouvait alors son aboutissement en matière d'interactivité (qui jusque là était bien trop limitée, disait-on) puisque la taille du support permettait au joueur de choisir la direction qu'il désirait emprunter en (quasi) toute liberté.
Under a Killing Moon profitait d'un scénario digne des meilleurs polars: profond, prenant et extrêmement soigné, plaqué sur une toile de fond qui représentait un San-Francisco post-troisième guerre mondiale.
Tex Murphy personnage principal et détective privé de son état), pauvre pion ballotté entre les mains de puissances qui le dépassaient, menait son enquête. L'ambiance du jeu était proprement ahurissante avec un personnage principal plus près de Bogart années cinquante que de l'époque dans laquelle il évoluait.
Le personnage de Tex Murphy (symbole de la série) était interprété par Chris Jones, qui était le metteur en scène des séquences filmées et qui avait aussi participé à l'élaboration du scénario. Chris Jones parvenait, sans problème, à incarner avec talent un Tex Murphy, détective privé tel qu'on peut en voir dans les films noirs des grandes années du cinéma américain, possédant le physique de l'emploi qui ne démentira pas l'esprit du personnage tout au long des trois derniers épisodes que connaîtra la série. Tex Murphy était le prototype du loser au grand cœur, toujours fauché, qui prenait des baffes tout au long de l'aventure mais qui jamais ne perdait sa dignité ou son humour.
Cet humour était d'ailleurs caractéristique de la série et dominait partout où intervenait l'ami Tex. Chacun de ses dialogues avait leur touche d'ironie et les répliques (que le joueur avait à choisir pour diriger les conversations) se voulaient tour à tour caustiques, désopilantes ou désinvoltes. C'était aussi cet humour (lié à la physionomie du personnage magistralement incarné par un Chris Jones inspiré) qui participait à la réussite de la saga en donnant un ton tout particulier aux trois derniers épisodes (Under a Killing Moon étant le premier de ceux-ci, et peut-être le plus abouti).
Les autres comédiens présents dans l'aventure étaient parfaits dans leur rôle respectif. Parmi ceux-ci on retrouvait des visages connus des séries télévisées ou des seconds rôles au cinéma.
On reconnaîtra au passage quelques visages sans nom, aperçus au détour d'un film, comme Margot Kidder, qui fut Lois Lane au cinéma dans Superman. Certaines voix aussi étaient à signaler (le jeu était proposé uniquement en version originale sous-titrée, ne l'oublions pas), comme celle de James Earl Jones, qui donnait le ton à celle de Darth Vader (version originale, bien sûr). C'était d'ailleurs une information reprise sur la boîte (y compris pour la version française, ce qui s'explique beaucoup moins).
Tous ces artistes interprétaient divers protagonistes propres à la série comme le lieutenant de police Mac Malden, Sylvia l'ex-épouse de Murphy et Chelsee Brandon, une charmante demoiselle vendeuse du kiosque à journaux, ainsi qu'une multitude de personnages plus pittoresques les uns que les autres. Que du beau monde en vérité.
Avec Hunder a Killing Moon, le monde vidéo-ludique était entré de (plain-pied dans la grande phase du jeu sous forme de film interactif (domaine qu'il a, depuis, quitté pour faire place aux softs relevant essentiellement des seuls effets visuels en trois dimensions et de l'accélération graphique) composé de nombreuses séquences vidéo dans lesquelles s'incrustaient des personnages, constituant ainsi la charpente d'une aventure à laquelle participait le joueur.
Pour que cette participation soit effective, celui-ci devait résoudre une série d'énigmes et de rébus via la présence d'une interface utilisateur qui permettait, dans certaines phases de l'aventure, d'explorer les moindres recoins d'un univers retranscrit en environnement 3D. C'était dans ces intermittences actives que le joueur s'identifiait au personnage principal de l'aventure pour, à sa place, faire montre d'intelligence et de réflexion afin de découvrir ce qui était indispensable à la progression et nécessaire à l'éclaircissement u mystère qui composait l'énigme principale du jeu.
Avec cette technique, les personnages venaient s'incruster dans des décors figés où l'action principale consistait généralement en la poursuite d'une série de dialogues sur base de questionnaires à choix multiples à mener avec les protagonistes de manière telle que cela puisse mener à la découverte de certains éléments ou indices aidant à la reconstitution des puzzles découverts au fil de la progression dans l'aventure.
S'ajoutaient à cela des phases de fouilles dans divers environnements où le joueur pouvait se déplacer librement.
Ici les concepteurs de Under a Killing Moon proposaient deux modes d'intervention différents: le mode "mouvement" et le mode "interactif".
Le mode mouvement lançait un moteur 3D très évolué pour l'époque. Celui-ci proposait une définition d'affichage supérieure dénommée super VGA (SVGA: définition chose encore rarissime pour l'époque) alors que les scènes intermédiaires ne proposaient pas cette définition.
Le mode mouvement de Under a Killing Moon était un exemple du souci du détail qu'apportaient alors les développeurs de Access Software pour permettre aux joueurs de profiter au maximum des produits qu'ils mettaient sur le marché (compte-tenu de la diversité des prouesses hardware dont celui-ci relevait). L'interface du mode mouvement pouvait s'exécuter en affichage fenêtré (plusieurs dimensions étaient alors proposées) et ceci à l'intérieur même d'un écran partagé en plusieurs compartiments, ou encore en affichage plein écran, tout cela en fonction des prouesses techniques permises par la machine sur laquelle était installé le soft. Via cette formule, le joueur nanti d'un matériel suranné n'était pas oublié. Cette pratique a, depuis lors, été totalement négligée puisque les plus récentes créations nécessitent de plus en plus souvent un "surarmement" hardware, fallait-il le souligner.
Cette technique de déplacement, permettait de se mouvoir (de grimper, de s'accroupir, d'avancer, de reculer) et de regarder dans toutes les directions afin d'examiner tout ce qui se proposait à la vue. Pour cela, on utilisait simplement la souris qui assurait le déplacement dans toutes les directions ainsi que les flèches haut et bas qui permettait d'incliner ou de lever la caméra. Il restait les touches Ctrl et shift pour se baisser ou se lever et le joueur avait fait le tour des commandes de manipulation à mémoriser pour se mouvoir dans les décors du jeu.
Il n'en reste pas moins que dans Under a Killing Moon, nombre d'objets présents dans ces décors étaient encore texturés en deux dimensions seulement (limitation technologique de l'époque oblige). Tourner autour de ceux-ci rappellera de bons souvenirs à ceux qui auront arpenté Doom et consorts.
Le mode interaction servait à examiner tout objet présent dans le décor inspecté par simple apposition de la souris sur ce dernier (le pointeur changeait alors de forme autorisant le joueur à ouvrir, à prendre ou à déplacer l'objet en question). Lorsque l'objet pouvait être ramassé, il se nichait dans un inventaire. Celui-ci permettait de lire les documents trouvés (comme des quotidiens débordant d'informations qui n'avaient aucun rapport avec l'histoire principale mais contribuaient à rendre tangible l'univers virtuel du jeu),de regrouper divers objets afin de répondre à un rébus spécifique, de proposer un objet à un personnage lors d'une phase de dialogue, de consulter l'aide en cas de difficulté (celle-ci distillait les informations au compte-gouttes pour que jamais le joueur ne se retrouve bloqué, sans pour autant rendre les choses trop faciles) ou encore de dialoguer avec les personnages rencontrés.
Comme lors d'un affichage en mode fenêtré, l'écran était à ce moment partagé en plusieurs sections, la principale étant celle où apparaissaient les décors et personnages. La suivante permettait de choisir l'action à pratiquer, la question à poser ou la réponse à apporter.
En langage technique, le jeu utilisait deux systèmes d'affichage graphique, le VRE (Virtual Reality Engine) et le MSE (Movie Scenes Engine).
Une petite précision qui avait son importance: les performances et la qualité de chacunes de ces deux techniques étaient affectées différemment en fonction de la configuration matérielle sur laquelle le jeu était installé. Par exemple, la quantité de mémoire conventionnelle disponible (il ne s'agissait pas d'ajouter de la barrette mémoire puisque seuls les 640 premiers kilo-octets étaient utilisables sous DOS) influait énormément sur les performances du système VRE (écran interactif); par contre il n'avait aucune emprise sur la qualité du système MSE (scènes cinématiques) où seules les performances de la carte graphique comptaient.
Un élément particulier du jeu, auquel il a été fait allusion plus haut, était le module "aide au joueur" qui assurait à celui-ci l'assurtance de ne jamais rester coincé devant une énigme trop retorse ou devant une situation sans issue. Il faut toutefois savoir que la progression dans le jeu attribuait des points au joueur et que l'utilisation de l'aide ne se faisait pas sans y laisser quelques-uns de ceux-ci. Le principe avait pour avantage d'éviter un recours abusif à ce genre de stratagème (jusqu'à l'apparition de solutions écrites, ce qui n'a pas manqué d'arriver). Néanmoins, cette aide était bien conçue et offrait plus de conseils que de solutions. Bien évidemment, le but principal du jeu était de s'amuser en résolvant les mystères qui y étaient cachés et non de le parcourir au pas de charge. En cela, l'aide intégrée au jeu, telle qu'on la retrouve dans la série des Tex Murphy, y participait pleinement.
Avec Under a Killing Moon, notamment, le jeu vidéo était entré dans le monde virtuel de la troisième dimension et du jeu d'aventures en images vidéo à haute définition. A l'époque, il valait mieux posséder une machine assez costaude (comme un 486-DX2 66 avec 8 mégabites de RAM) pour profiter pleinement de toutes les possibilités du soft.
L'ambiance musicale (dont on n'a pas encore soulevé tout l'intérêt ici) assurait elle aussi sa part d'immersion. Le niveau de sa présence se réglait automatiquement (batteries digitalisées ou batteries et instruments) en fonction de la mémoire conventionnelle disponible pour l'exécution du jeu, ce qui permettait aux petites configurations (486DX 25 avec 4 mégabites de RAM, par exemple) de privilégier le jeu au détriment de l'environnement mélodique. Il était donc impératif de se concocter (comme le préconisait le manuel d'installation) une disquette d'amorçage (disquette de boot) afin de libérer au mieux la mémoire utile de la machine. Voilà encore une preuve supplémentaire démontrant que les développeurs d'alors savaient penser à l'ensemble de la gente vidéo-ludique (et non exclusivement aux plus fortunés d'entre eux, comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui ).
Du point de vue technique, le produit était de haute qualité. L'ensemble des méthodes utilisées (séquences vidéo, mode interactif, mode déplacement) étaient d'une cohérence exemplaire et le passage de l'un à l'autre se faisait sans à-coup visuel.
L'incrustation des personnages dans les décors offrait un cachet incomparable, les scènes cinématiques étaient supérieurement composées et soutenaient admirablement l'histoire (cela était dû également à la qualité des prestations fournies par les comédiens). Access Software Incorporated, la société réalisatrice du produit, avait une maîtrise édifiante de ces techniques qui ne se démentira pas dans les deux prochains épisodes. La réalisation de la bande sonore était à l'avenant. Le jeu occupait quatre galettes sur lesquelles certains fichiers étaient dupliqués, assurant au joueur un minimum de permutation entre les disques. Ce souci de fonctionnalité et d'efficacité avait coûté à la production un support supplémentaire.
Le développeur avait aussi prévu, pour ceux qui n'appréciaient pas les jeux à énigmes mais qui désiraient toutefois explorer le monde virtuel, la possibilité de visiter les divers lieux et de visualiser les cinématiques vidéo via sept parties sauvegardées (une pour chaque jour du jeu puisque celui-ci se déroulait durant ce cycle). Cette option était appelée "partie simplifiée" où tous les articles de l'inventaire étaient déjà disponibles au chargement, sans avoir à démêler une quelconque intrigue. Il attirait cependant l'attention du joueur sur le fait qu'une telle pratique réduisait considérablement le degré de continuité du jeu qui risquait de perdre son attrait principal : la recherche et la découverte des énigmes. L'installation de cette option dite "Easy" se faisait automatiquement et était disponible dès le lancement de la première manche. Pour lancer l'exécution d'une des sauvegardes proposées, il suffisait de cliquer sur le menu "Charger" et la liste apparaissait derechef. Malheureusement, seule la traduction du titre de ces sauvegardes était assurée, mais pas de leur résumé respectif, accessible via le point d'interrogation à gauche de celui-ci. Etait-ce là une séquelle du passage vers la version localisée ? Je ne saurais le dire.
Under a Killing Moon offrait une aventure attrayante et réellement prenante. Contrairement à d'autres jeux relevant de l'intrigue policière, ici la trame de l'histoire ne se prenait jamais au sérieux. Le jeu était parsemé de touches humoristiques (ironie constamment présente dans les dialogues) qui donnaient le rythme et le ton aux événements, sans toutefois nuire à l'atmosphère générale du jeu, un tiers science fiction, un tiers polar des années cinquante,un tiers vaudeville boulevardesque.
Certains personnages (appelés mutants du fait de leur transformation physionomique d'après guerre) étaient affublés de maquillage volontairement outrancier. Comme ce Louie LaMintz, par exemple, qui tenait le Brew & Stew (sorte de snack) où Tex se rendait régulièrement pour obtenir quelque nourriture à crédit et l'une ou l'autre information intéressante (s'il s'était passé quelque chose, Louie était forcément au courant). Bien qu'étant un personnage attachant, Louie était défiguré à l'excès, ce qui le rendait plus sympathique que laid.
Quant au scénario, il était complet, intelligent, captivant et de surcroit rehaussé d'une ambiance proprement extraordinaire. Il ne se limitait pas à la seule enquête sur le cambriolage du prêteur sur gage qui faisait office d'amorçage à de nombreuses péripéties à venir. Celles-ci mèneront Tex Murphy vers d'autres enquêtes bien plus énigmatiques et sombres, puis (plus tard) à se transformer en véritable sauveur de la planète, l'intrigue s'épaississant à mesure que l'on progressait dans l'aventure.
Vous en voulez un petit bout ? Et bien, pour ceux qui n'étaient pas là au début (ou qui n'ont pas connu cet épisode), voici, en quelques mots comment débute l'épisode.
Visite du colonel ce matin, le meilleur des privés de San Francisco, ancien collègue de Tex à l'époque ou ce dernier était encore un idéaliste qui, pour une sombre histoire d'éthique professionnelle, s'était fâché avec sa hiérarchie. Mais le colonel n'était pas là pour raviver une brouille vielle de quinze ans, non. Celui-ci venait informer Tex de sa prochaine mise à la retraite. Il terminait actuellement sa dernière affaire. Grosse affaire que celle-là... Le colonel confiait à Tex qu'elle lui paraissait dangereuse au point qu'il tenait à le mettre en garde : le nom de Murphy aurait été cité et il vaudrait mieux s'abstenir de se mêler de quoi que ce soit afin d'éviter une balle perdue (voilà qui ressemblait fort à une mise en garde dans les règles ou je ne m'y connais pas). Bah ! Tex n'avait cure de ces conseils, lui qui connaissait en ce moment un passage à vide comme on en voit peu (et dans son cas, trop souvent), qui avait des problèmes avec sa logeuse (question loyers en retard) et qui pensait encore faire une tentative de suicide jeudi prochain tant sa bouteille de bourbon lui semblait vide.
"Bon dieu, Murphy, vous avez une mine terrible ! Tsss Tsss Vous avez vraiment touché le fond, hein ?"
Qu'est ce que cet oiseau de mauvaise augure de colonel lui apprendrait qui pourrait être pire que sa situation actuelle ?
Rien, si ce n'était la roulette de son siège qui lâchait à cet instant et qui faisait voltiger notre Tex dans un roulé-boulé arrière du plus bel effet. Il allait avoir besoin de beaucoup d'aide ces prochains jours, l'ami Murphy, les rues ne seront bientôt plus sûres pour lui !
C'était là une occasion (un appel du pied sans doute), pour le joueur, de se joindre à l'aventure afin de refiler un coup de main à un détective privé représentatif d'un genre de personnage auquel on s'attachait facilement. Ca tombait bien parce qu'il allait faire un bon petit bout de chemin en sa compagnie !
Dans l'ensemble le jeu se révélait relativement facile d'accès et les énigmes étaient d'un très honorable niveau de logique. Quelques passages délicats (comme par exemple des phases de tir) requerraient de la vitesse et de la précision. Mais rien d'insurmontable toutefois. Heureusement pour le joueur, des sauvegardes pouvaient être effectuées à tout moment (en dehors des cinématiques vidéo) et permettaient de poursuivre l'enquête en évitant les difficultés.
La durée de vie du produit était, si l'on s'en réfère aux critères actuels, plus que satisfaisante et assurait au joueur de nombreuses heures de plongée dans un univers étrange, mélange d'humour, de dérision, de fiction et de roman policier. Pas question de le consommer en un week-end, même en mode marathon, sauf si l'on utilise la solution posée sur les cuisses. La honte si l'on s'apercevait de cette mesquinerie !
Comme pour bon nombre de jeux de ce type dont j'ai l'avantage d'être détenteur (je collectionne, vous vous en doutiez ?), c'était mon épouse qui avait mené l'enquête jusqu'à sa conclusion finale. Pour ma part, je me contentais alors de l'encourager d'un regard étonné par sa perspicacité et son entêtement à vouloir résoudre toute l'affaire.
Nous avions, ensemble, parcouru encore l'épisode suivant (Pandora Directive) mais elle a gardé pour le présent volet, une préférence assurément alimentée par l'attrait de la nouveauté que représentait alors cette catégorie de jeu.
En ce qui me concerne, j'assistais aux mésaventures du personnage avec grand plaisir et en simple spectateur admiratif. Aujourd'hui encore, la série des Tex Murphy me passionne toujours depuis la découverte du dernier volet en date (Overseer) déniché récemment dans une brocante. Cet ultime opus s'exécute sans problème sur mes plus récentes machines encore équipées du système d'exploitation Windows 98, il faut le préciser.

La boîte et son contenu :
Le packaging commercialisé au moment de sa sortie européenne, contenant la version française (il faut comprendre: version originale sous-titrée, ce qui me semble était une excellente solution) se composait d'un coffrage cartonné fort recouvert d'un couvercle de même acabit. La décoration apposée sur cette boîte annonçait admirablement le sujet. Le jeu se répartissait sur quatre CD-ROM (support qui à l'époque était encore du domaine exclusif de la production) nécessaires au stockage de toutes les cinématiques vidéo.
Ceux-ci avaient la particularité d'être emballés dans une pochette en plastique transparent souple double face qui s'ouvrait comme un portefeuille permettant ainsi de visualiser les faces des quatre CD-ROM. Voilà une solution de stockage peu courante qui laissera rapidement la place aux boîtiers cristallins standardisés plus propices (sans doute) à la production massive, car je n'ai jamais eu l'occasion de retrouver ce type de conditionnement dans d'autres productions ludiques.
Un manuel d'installation explicite et fort bien fait, de cinquante pages bien remplies, ainsi qu'une disquette de boot de ma composition accompagnent le tout. Dans la boîte, j'ai ajouté, par après, la solution du jeu découverte sur internet, solution qui ne devait servir ça et là que lorsqu'un blocage se faisait sentir, mais jamais à faire avancer l'aventure, auquel cas le plaisir aurait été définitivement gâché. Je précise qu' à l'époque, nous ne possédions pas cette solution (pas plus qu'internet d'ailleurs). La preuve en est la présence, dans cette même boîte, de toutes les notes prises par mon épouse afin de résoudre certaines énigmes plus laborieuses que d'autres.
J'avais fait l'acquisition de cette boîte à l'époque de mes tous premiers pas dans l'univers du ludisme électronique. Je me rappelle précisément son arrivée dans ma collection qui ne devait pas contenir plus de dix jeux à cette époque et qui tenait encore sur une seule ligne dans les rayonnages d'une étagère. Qui aurait pu croire, alors, que l'étagère en question ne suffirait bientôt plus au stockage des prochains écrins récréatifs !
Under a Killing Moon avait été obtenu au prix courant chez un commerçant spécialisé (rien à voir avec la grande distribution) dont mon épouse et moi fréquentions alors l'établissement. Je crois d'ailleurs que, comme il était de tradition, celui-ci nous avait proposé une démonstration (installation et démarrage du jeu sur une machine add-hoc) afin de nous inviter à en faire l'acquisition. Rien que le générique nous avait donné alors l'impression de nous retrouver devant un écran de cinéma. Voilà quelques sensations candides qu'il est bien difficile de revivre actuellement.

Et aujourd'hui ?
Under a Killing Moon et ce bon Tex Murphy ont très modérement vieilli puisque le genre n'a plus beaucoup évolué entre sa venue et son abandon, le monde du jeu vidéo ayant préféré l'utilisation de la programmation afin de créer des univers où le hardware (la carte graphique, notamment) pouvait démontrer tout ce dont il était capable, particulièrement en matière de liberté de mouvements et d'effets visuels impossibles à reproduire autrement.
Par contre, son fonctionnement sur les machines actuelles occasionne pas mal de soucis. Initialement conçu dans un environnement DOS, Under a Killing Moon ne fonctionnera exclusivement que sous celui-ci. Cela exclut définitivement Windows98 (et consorts) de la course.
Pour le faire fonctionner à nouveau, la solution la plus simple était de l'installer sur mon bon vieux P200 (qui se porte à merveille, merci pour lui) dont les périphériques connaissent tous le système d'exploitation ancestral en question.
Afin de ne pas toucher à la configuration actuelle de la machine (Windows 98), j'ai donc apprêté une disquette de boot avec les drivers DOS pour le lecteur CD-ROM (facile), les drivers carte son SoundBlaster AWE64 (un peu moins aisé à remettre, ceux-là) et pratiqué une optimisation des fichiers de démarrage en installant le plus de pilotes (acronymés à l'époque: pilotes TSR) en mémoire haute afin de libérer un maximum de mémoire conventionnelle (vitale au fonctionnement correct du jeu). Inutile de préciser qu'il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois et que pour arriver à un résultat probant, les informations consignées dans le manuel d'installation (celui fourni avec le jeu) sont une mine d'or qu'il ne faut absolument pas négliger.
Mais une fois cela parachevé, voilà le jeu fonctionnant au summum de ses capacités.
Il devait bien s'être écoulé pas moins de dix ans depuis le moment où j'avais vu le jeu s'exprimer, pour la dernière fois, sur ordinateur. Ce fut alors un moment d'intense émotion lorsque défilèrent, à nouveau, les images du générique, puis l'affichage du menu de configuration qui, une fois complété, permit au jeu de sortir de sa catalepsie..
Maintenant et puisque tout le monde n'a pas un P200 sous la main, pour que Under a Killing Moon s'exécute sur des configurations contemporaines (avec le dernier operating system usuellement installé et les ultimes processeurs à la mode), il existe deux solutions envisageables :
La première solution est celle qui passe par l'émulateur DOSBox.
A partir des CD-ROM d'origine, il faudra se livrer à une toute petite manipulation afin de faire fonctionner le soft. A défaut de celle-ci, il ne faudra pas s'étonner de "planter" immanquablement le jeu au démarrage.
Sous DOSBox donc, il convient d'opérer l'installation comme prévu dans le manuel d'utilisation. Ensuite, en utilisant l'explorateur de Windows, repérer sur le CD-ROM du jeu actuellement en cours (le CD-ROM numéro 1), le fichier intitulé "Tex197.exe". Une fois celui-ci repéré, il faudra le copier dans le répertoire du disque dur où vient de se dérouler l'installation de Under a Killing Moon (sur ma machine, le chemin est celui-ci : C:\DOSPORG\MOON).
Cela fait, il suffit alors de retourner sous DOSBox afin de démarrer l'application.
Mais attention ! Contrairement à ce que préconise le concepteur, il ne s'agit pas de se rendre dans le répertoire d'installation de UAKM afin d'exécuter le fichier Moon.exe, mais bien de lancer l'exécution du fichier Tex197.exe en lieu et place du précédent cité.
Avant de se retrouver dans l'aventure proprement dite, il restera à configurer les paramètres sonores (installation de la carte son DIGITAL et de la carte son musique MIDI). Surtout ne pas enclencher la détection automatique des périphériques sonores; celle-ci n'était réellement fonctionnelle que sous DOS.
DOSBox étant toutefois gourmand en ressources processeur, il est chaudement recommandé de posséder une machine aux performances conséquentes pour assurer l'exécution du jeu sans ralentissement (2Ghz et plus...)
Si DOSBox vous intéresse, voici son adresse :
http://dosbox.sourceforge.net
De plus, s'il arrivait, à quiconque, d'éprouver le moindre problème à l' installation de cet émulateur, le site "La clinique des jeux vidéos" (la référence francophone en matière de support technique concernant les jeux de précédentes générations) propose, outre la possibilité de télécharger DOSBox, une traduction de son manuel d'utilisation, complétée par de multiples reproductions d'écrans de paramétrisation, eux-mêmes parachevés par des commentaires assurant une installation sans faille, même pour les plus néophytes d'entre nous.
Voici l'adresse de cet émulateur et de tout ce qu'il faut pour pouvoir l'utiliser au mieux de ses possibilités :
http://clinique.jeuxvideos.free.fr
Et pour les informations de base concernant son installation et ses paramètres essentiels, voyez le chapitre d'un de mes articles où il est question de :
L'émulateur DOSBox
La seconde solution réside dans la création d'une disquette de démarrage Shinoa5 telle que le propose l'équipe Shinod7. Bien que le jeu n'apparaisse pas dans la liste (non exhaustive, semble-t-il) des logiciels supportés, celui-ci semble bien pouvoir être activé par la disquette en question.
Shinod7 est en fait un émulateur DOS résidant sur disquette avec l'avantage non négligeable d'être totalement en français.
Tout y est paramétrable par menus. Son grand avantage est qu'il n'affecte en rien le système d'exploitation installé sur le disque dur de la machine. Windows XP restera exempt de tout stigmate quoi qu'il advienne, après installation.
Cet émulateur implique toutefois la possession d'une disquette 5 pouces 1/4 et du lecteur ad-hoc installé en tant que périphérique sur la machine où s'exécutera (peut-être) le jeu. La présence d'une souris connectée à un port PS2 est aussi réclamée (au vu des matériels commercialisés aujourd'hui, ce n'est pas gagné). Il semblerait toutefois que, dans la dernière version de Shinoa5, le lecteur de disquette puisse être émulé via une clé USB. Quant-à la souris, il n'y a pas de novation à ma connaissance, mais la lecture de la documentation mise à disposition sur le site vous en dira peut-être plus.
L'adresse pour Shinoa5 est la suivante :
http://www.shinod7.net
Pour les deux solutions présentées ci-dessus, il reste encore un problème bien plus contraignant que de faire fonctionner Under a Killing Moon sous un OS récent. Celui-ci se traduit par la présence de puces ou de cartes audio (sur les machines modernes) non compatibles avec les standards d'antan (comprenez SoundBlaster : norme reconnue par tous les jeux de l'époque). Cette limitation prend tout son sens en ce qui concerne les ordinateurs portables où il n'existe malheureusement pas de solution satisfaisante. Pour les machines de bureau, il subsiste une possibilité qui consiste à désactiver/désinstaller la puce/carte son et assurer son remplacement par une carte audio supportant encore le standard en question.
Une telle carte existe bel et bien : je viens justement d'en équiper mes deux dernières machines pour m'assurer d'une telle correspondance.
Ce périphérique audio (surnaturel, dirons-nous) se trouver être la carte son Hercules Gamesurround Muse 5.1 DVD+ dont le rapport qualité prix est des plus intéressants (environ 25 EUR).
C'est d'ailleurs tout à fait fortuitement (à ma plus grande satisfaction) que je me suis aperçu d'une telle compatibilité. Celle-ci s'exerce face aux pilotes DOS Soundblaster 16 100% compatible (PORT=220 IRQ=5/7 DMA =1/5 pour ceux à qui cela rappelle encore quelque chose).
Certes, cette carte audio moderne n'est peut-être pas la seule dans le cas, mais voilà au moins la satisfaction de lui reconnaître cette particularité.
En dehors de ce remplacement, la possibilité que le périphérique sonore actuellement installé sur une machine moderne soit utilisable par les deux solutions précitées relève de la gageure.
Mais une fois ce remplacement fait, on peut faire fonctionner des jeux dont on n'a même plus idée...
Enfin, j'ai tenu à conserver le meilleur pour la fin.
A l'exception d'une ressortie dans une série budget de chez Eidos (Kixx), il y a plusieurs années de cela déjà (à la fin du millénaire précédent), Under a Killing Moon est quasi introuvable actuellement. Certains d'entre vous m'en voudront donc de leur avoir mis l'eau à la bouche en leur faisant miroiter (comme on salive devant un met raffiné ou une belle gaufre au sucre) un jeu qui les changerait radicalement des derniers FPS très régulièrement pratiqués encore.
Et bien les voilà exaucés !
Under a Killing Moon est téléchargeable sur le site Abandonware France (dans sa version CD-ROM intégrale, s'il vous plaît !).
Voici l'adresse où il est envisageable de se précipiter (une connexion Adsl est souhaitable vu la taille des fichiers):
http://www.abandonware-france.org/ltf-jeu.php3?id=719
En conclusion : Under a Killing Moon a été l'archétype d'un genre qui vit l'éclosion des jeux à énigmes en mode interactif et cinématographique. Il pouvait se jouer, assis dans un fauteuil, avec la main posée nonchalamment sur la souris, tant son concept n'avait rien à voir avec la précipitation. Par contre (et à défaut d'être physique), il demandait nettement plus d'activité neurale que ne le font la majorité des jeux actuels.
Le genre disparut avant même l'avènement du DVD-ROM (dont il aurait pu tirer parti), détrôné par une technologie de loin supérieure: j'ai nommé l'accélération graphique.
Le Tex Murphy que voici, tout en s'adressant à un très large public, n'en est pas moins ardu. Heureusement, dans le cas présent, le jeu se trouve ponctué de notes d'humour de bon aloi et d'absence totale de violence, ce qui est loin d'être déplaisant.
Voilà du délassement comme on aimerait en voir un peu plus souvent actuellement !


































































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