LOST EDEN
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Févier 2009
Données techniques :
Type de jeu: aventure
Version: française intégrale
Conception: Cryo Interactive
Autres titres: Chronique de la Lune Noire, Conspiracy, Deo Gracias, Dragon Lore 1&2, Dune, Egypte 1156 av. JC, Extase, Hellboy, KGB, Commander Blood, La Machine à voyager dans le Temps, Megarace 1&2, Persian Wars, Pompei, Quiz Challenge Football, Raven, RiverWorld, Saga, Salammbô, Thorgal, Ubik, Zero Zone, Le 3ème Millénaire, Aliens, Atlantis 1, 2&3
Distribution: Virgin Interactive
Sortie: mai 1995
Configuration minimum: Intel 486DX2-66
Système d'exploitation: DOS, Windows 98 et Windows XP avec DOSBox
Accélération graphique: aucune
Un seul joueur

L'histoire du jeu :
Trop peu souvent encore, jusqu'à présent, l'occasion de confabuler à propos d'un jeu vidéo de provenance nationale, française dans ce cas, s'est offerte dans ces pages. Si ma mémoire est encore bonne, j'ai dû évoquer il y a quelques temps déjà, l'existence d"un titre mythologique (Commander Blood) conçu par un studio de développement devenu ensuite éditeur et reconnu sous la dénomination de Cryo Interactive.
L'éditeur Cryo fut à lui seul l'emblème d'une industrie vidéo-ludique Made in France qui connut l'ascension, l'apothéose et la décadence le temps d'une décénie seulement. Au commencement des années 90, la société Cryo, fondée par Philippe Ulrich et Rémi Herbulot se fit rapidement connaître pour la beauté, le design singulier, les atmosphères caractéristiques et féériques qui se dégageaient de toutes ses réalisations ludiques sans exception.
Son catalogue s'enorgueillit de titres aussi légendaires que Dune, Dragon Lore 1&2, Egypte 1156 av. JC 1&2, Atlantis 1, 2&3 etc... sans compter nombre de productions relevant de l'approche éducative tout en passant pas la voie ludique et utilisant toutes, ou presque, la technique du point & clic, parfaitement maîtrisée par le maître d'oeuvre Cryo.
Parmi ces productions, Lost Eden (le titre d'aujourd'hui) était un chef-d'œuvre de ravissement comme seul, sans doute, un producteur français pouvait en produire. Lost Eden possédait toutes les qualités d'un jeu signé Cryo. Son scénario était frais, original, envoûtant. Ses graphismes étaient admirables, surprenants, attachants et ses musiques étaient tout simplement magistrales.
L'intrigue était dévoilée dès les premiers instants du jeu par un narrateur, un volatile dénommé Eloi (sorte de chose qui ressemblait à un machin et qui tenait du truc volant datant du mésozoïque, du trias, du jurassique ou du crétacé, je sais plus) lui-même extrait d'un univers antédiluvien au cours duquel les êtres humains côtoyaient les dinosaures avec lesquels ils cohabitaient en paix.
Cet univers idyllique d'où était tiré le titre de l'aventure (Lost Eden) était présenté dans une cinématique d'introduction enchanteresse, entraînant le joueur dans un environnement extraordinaire, le plongeant dans un infiniment lointain passé en le transformant en paléontologue des premières heures (une de ces ères encore inconnues de nos savants, où régnait un consensus entre mammifères et dinosaures. Cette cinématique se déroulait telle une œuvre lyrique dans laquelle seules des images enchanteresses étaient accessibles et, de par sa durée, le spectateur avait tout loisir de s'imprégner de l'ambiance quasiment paradisiaque qui s'en dégageait.
Mais, il était écrit que le paradis n'a de vertu que lorsqu'il est confronté à l'enfer et, à peine cette constatation faite, voilà que la calamité s'abattait sur cet univers de candeur. L'infâme Morkus Rex, seigneur des tyrannosaures (dieu qu'il était laid !) lançait ses légions à l'assaut du monde. Celles-ci semaient le chaos et la destruction partout où elles passaient. L'harmonie qui régnait jusque là entre les espèes fut brisée et chacune d'elles se réfugia dans son habitat de prédilection afin d'assurer sa survie: lesdinosaures se dissimulèrent dans les forêts et les zones difficilement accessibles tandis que les humains se retranchèrent dans la grande forteresse du nord connue sous le nom de citadelle de Mo. Cette citadelle préservait les humains de l'intrusion des sauriens carnassiers de par le climat sibérien qui sévissait dans ces régions.
Vous voyez, d'ici, le tableau.
Ah non ! Ne comptez pas sur moi pour dévoiler ici ce qu'il advint ensuite ! Si cela vous intéresse, mon petit doigt me dit qu'il existe encore la possibilité d'y remédier. Mais pour le savoir, il va falloir lire la suite de cet article (et jusqu'à la fin, Ah, Ah, Ah !).
Revenons-en à nos moutonrodons.
A l'époque de la parution de Lost Eden, Cryo était déjà passé maître dans l'art du déplacement pré calculé. Cette technique, très impressionnante à l'époque, avait tout de même le défaut de proposer un aspect visuel légèrement granuleux, aux lumières amoindries, qui tranchait avec le passage à une image ou à un décor fixe à la définition plus épuréee. Ce léger défaut ne connut de solution que 2 ans plus tard avec l'apparition d'un moteur graphique maison baptisé Omni3D qui devint le cheval de bataille pour le développement des jeux d'aventure point & clic que Cryo commercialisa ensuite. Plus tard, un second moteur dénommé OmniSync compléta le premier. Celui-ci permettait de simuler le mouvement des lèvres de personnages vus en gros plan.
Mais avec Lost Eden, nous n'en étions pas encore là. Le moteur graphique utilisé, bien que moins perfectionné, permettait déjà de se déplacer dans des mouvements gracieux, à travers de multiples paysages et décors intérieurs tout en faisant jouer les ombres et les lumières afin de restituer des impressions de profondeur et de vie les plus réalistes possibles. En 1995, Lost Eden était considéré comme une étonnante création ludique (mégastar chez Joystick, c'était pas de la roupie de sansonnet non plus) dans laquelle on ne se lassait pas de se déplacer d'un plan à l'autre, au travers de décors merveilleux et enchanteurs. Les montagnes blanchies sur lesquelles tombaient encore la neige, les jungles touffues où furetaient les vélociraptors, les vallées profondes dans lesquelles se déplaçaient majestueusement quelques diplodocus, les eaux dans lesquelles se miroitaient les volatiles et dans lesquelles on apercevait l'un ou l'autre dinosaure marin, les souterrains de la citadelle qui n'en finissaient pas de s'enfoncer sous terre, tout renvoyait l'image d'un univers tangible, presque palpable à la limite de l'authentique. Il y avait de quoi être impressionné.
Mais il faut aussi reconnaître que la sensation s'arrêtait là, car les épreuves de l'aventure étaient plutôt simples à résoudre à l'exception du combat final, d'après les dires de mon épouse qui avait parcouru alors l'histoire du début à la fin. Fallait-il pour autant y voir un défaut puisqu'au moins, cette facilité était l'assurance de pouvoir parcourir le jeu dans son ensemble sans avoir à l'abandonner devant l'inextricable comme cela arrivait bien souvent avec d'autres titres plus alambiqués (la série des Myst, par exemple). Au moins, Lost Eden ne cachait pas ses préférences pour un très large et éclectique public, tant par la relative difficulté de ses énigmes que par la bonhomie de son scénario.
Puisqu'il est question du scénario, il fallait reconnaître en lui une construction intelligente qui le transformait en véritable film interactif. Grâce à celui-ci, le joueur pouvait assister à de nombreuses séquences animées agrémentées de beaux dialogues dont le doublage en version française était de grande qualité. Le menu du jeu était extrêmement clair et particulièrement convivial, tout comme l'était l'utilisation de la souris et son intuitif pointeur qui insufflait les directions à prendre ou les actions à mener. Mais ce qui illuminait l'aventure, transformant celle-ci en une formidable équipée multimédia, était sa bande son réalisée par un artiste de talent nommé Stéphane Picq qui avait déjà signé d'autres productions remarquables. D'ailleurs, à l'écoute du générique, je me disais bien que cette sonorité-là, je l'avais déjà entendue quelque part. Attendez que je me souvienne... Non, c'est pas ça... Pas ça non plus... A moins que...Ah oui ! C'est cela ! Je le savais (je l'avais immédiatement deviné): Stéphane Picq était aussi l'auteur des musiques de Commander Blood.
Yes, trop fort Rimaimbeur !
Grâce à cette bande son, le joueur était véritablement transporté dans un monde féérique, tellement inaccoutumé dans l'univers du jeu vidéo qu'il ne pouvait que se montrer admiratif devant les images qui se déroulaient devant lui. Comment peut-on encore mieux définir un jeu qui se révélait délicieux à ce point ?... Une escapade dans le monde des illusions.
Sans conteste, Lost Eden fut une de ces œuvres ludiques comme on n'en rencontre peu souvent et plus du tout maintenant, malgré une avancée technologique qui aurait tant apporté au genre si celui-ci avait persisté jusque là...
Mais si cela se réalisait un jour, ce ne serait pas Cryo qui le mettrait en œuvre, puisque la firme a fermé ses portes en 2002 et est passée sous le giron de sa filiale américaine Dreamcatcher Games avec un semblant de ce qui faisait la substance de la maison Cryo.
En 2007, le rachat de DreamCatcher par Jowood mettait un terme définitif à ce qui restait de l'entreprise Cryo. L'aventure avait ainsi mis un terme aux vicissitudes de ce développeur qui en avait fait tant pour que nous puissions parcourir ses productions avec autant de plaisir.
Oubliés donc les Lost Eden 2, énièmes Tex Murphy et autres ixièmes Zork, le genre est maintenant totalement négligé par le grand public à qui on ne propose plus que du jeu d'action.

La boîte et son contenu :
Pendant la durée de ses activités, Cryo a su nous accoutumer à différents formats de packaging mais celui de Lost Eden ne fait pas partie du modèle le plus usité par la firme (si je me réfère à ceux qui sont en ma possession).
Son acquisition remonte à l'époque où je me rendais régulièrement chez un commerçant spécialisé devenu alors mon fournisseur vidéo-ludique attitré. Le prix au détail, étiqueté en monnaie de l'époque, figure toujours au dos de l'article et était de... attendez, je convertis de mémoire (ma machine, vite !) € 35 environ (de quoi donner quelques frémissements de jalousie aux consolistes et pécéistes actuels, non?). Je ne fais pas allusion au commerce dématérialisé où là et pour un prix, sans doute inféreur (quoique), on s'en sort avec rien dans les mains et rien dans les poches.
Le coffret de Lost Eden se rapproche à s'y méprendre de la classique boîte cartonnée, constituée d'une base et d'un couvercle qui s'emboîent l'un dans l'autre. Sa composition est de bonne qualité et assure une robustesse suffisante permettant de la conserver longtemps dans l'état qui est le sien au moment de son acquisition, pour autant que l'on sache ce que sous-entend la pratique de la conservation.
Le ton général de sa décoration est le brun très foncé virant au noir avec une sublime décoration de couverture représentant un ptéranodon (ptérodactyle de grande taille) s'élançant dans un battement d'ailes avec, en arrière plan, un décor tourmenté comme on peut l'imaginer existant au crétacé supérieur (à moins que cela ne soit au crétacé inférieur ou durant le mésozoïque, il faudra que je vérifie). Dans celui-ci on observe, au loin et en surplomb, la présence d'une silhouette humaine attestant d'une relation étroite entre les deux ères. Quel subconscient collectif n'aurait pas désiré se retrouver dans une telle situation ?Je vous le demande...
Les voyages vers des passés éculés tels que ceux-là m'ont toujours fait fantasmer (d'autres choses aussi notez, surtout avec mes deux correctrices préférées près de moi mais dans le cas présent il ne s'agira pas de cela).
La face arrière de la boîte, de présentation classique, n'en est pas moins évocatrice pour autant. Les quelques captures d'écran et textes de présentation sont tout autant suggestifs d'un univers à la fois insolite et surprenant.
Son contenu est plutôt spartiate et se limite au minimum syndical. On y trouve un boîtier cristallin contenant le CD-ROM du jeu, ainsi qu'un manuel d'utilisation de 42 pages, couverture en couleur et intérieur en grisé. Tranquillisez-vous, la manipulation de Lost Eden ne requiert pas un manuel à ce point fourni qu'il faille 42 pages pour en faire le tour mais celui-ci est décliné en 5 langues (8 pages chacune). De quoi éviter toute bouffée de chaleur supplémentaire, non ?
Voilà à peu près tout concernant le contenu de cette boîte à l'exception de la disquette de boot que j'ai composée avant même d'installer, pour la toute première fois, Lost Eden sur le Intel 486DX2-66 qui était la machine en ma possession à l'époque. Le malheur ayant voulu que mon épouse parcoure le jeu du début à la fin, je n'ai conservé aucune des sauvegares exécutées lors de ses avancées. Me voilà bien mal pris au moment où celles-ci auraient pu me venir à point.
Tout ce que contient la boîte est toujours enfermé dans un solide plastique transparent à fermeture hermétique qui protégeait l'ensemble avant la première ouverture du packaging. Sans doute qu'à l'époque, on espérait encore exporter le produit sur une de nos bases stellaires qui ne devaient pas manquer de voir le jour après 2001 (odyssée de l'espace). Mais les choses ne vont pas toujours dans le sens souhaité et en ce qui concerne la présente boîte, celle-ci a trouvé sa place sur la bibliothèque que je réserve (emplacement VIP) à l'ensemble des jeux emboîtés qui sont maintenant les miens. Trôner sur la bibliothèque est le terme qui conviendrait le mieux à une boîte qui offre sur sa tranche un tableau attirant l'admirateur subjugué loin dans le passé, vers la période géologique du Jurassique où les dinosaures hantaient les paysages et les esprits.
Et on sait, maintenant, à quel point le cinéma Hollywoodien a su tirer parti de ce fantasme.

Et aujourd'hui ?
N'allons paspar quatre chemins: pour faire fonctionner Lost Eden, il va falloir user d'un subterfuge permettant de recréer un environnement identique à celui que l'on connaissait à l'époque du Disk Operating System (ou MS-DOS).
Evitons les atermoiements et portons immédiatement notre choix sur un émulateur qui ne me quittera plus jusqu'à ce que je puisse en découvrir un meilleur, j'ai nommé l'excellentissime DOSBox.
Installer et faire fonctionner Lost Eden sous DOSBox se fera sans aucun souci et même pas celui d'avoir à paramétrer la carte son puisque sa détection est quasi automatique. Après avoir introduit la commande miracle "Install", il suffira d'attendre que le jeu démarre et propose ses premières images aux regards émerveillés et aux oreilles enivrées qui sont les nôtres. Sur la machine où j'ai installé le jeu, il m'a simplement fallu modifier légèrement la vitesse du CPU ctrl+[f11] ou ctrl+[f12] (10.000 cycles exactement, sur la machine utilisée) afin de supprimer un petit crachotement dans la bande son, rien de plus.
Vous ne connaissez pas encore DOSBox ? C'est une lacune qu'il vous faut combler au plus vite.
On télécharge toujours DOSBox à l'adresse suivante:
http://dosbox.sourceforge.net/
De plus, s'il arrivait, à quiconque, d'éprouver le moindre problème à l'installation de cet émulateur, le site "La clinique des jeux vidéos" (la référence francophone en matière de support technique concernant des jeux de précédentes générations) propose, outre la possibilité de télécharger DOSBox, une traduction de son manuel d'utilisation, complétée par de multiples reproductions d'écrans de paramétrisation, eux-mêmes parachevés par des commentaires assurant une installation sans faille, même pour les plus néophytes d'entre nous.
Voici l'adresse de cet émulateur et de tout ce qu'il faut pour pouvoir l'utiliser au mieux de ses possibilités:
http://clinique.jeuxvideos.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=91
Ce site, à vocation pédagogique, ne devrait absolument plus quitter votre carnet d'adresses personnelles. En voici d'ailleurs les coordonnées:
http://clinique.jeuxvideos.free.fr
En ce qui concerne la paramétrisation de DOSBox, on trouvera quelques indications fondamentales permettant de faire fonctionner cet émulateur tout comme je l'utilise aujourd'hui, à l'adresse suivante:
L'émulateur DOSBox
Ne pensez pas que cela ne saurait être d'aucune utilité à défaut de posséder Lost Eden car le domaine de l'abandonware propose la mise à disposition et au téléchargement de ce magifique petit bijou vidéo-ludique.
Voici l'adresse:
http://www.abandonware-france.org/ltf_abandon/ltf_jeu.php?id=661
IL faut préalablement s'assurer les services d'une ligne à haut débit car l'archive du CD-ROM fait tout de même son petit poids d'octets.
L'archive du CD-ROM (346.976 Ko )
L'archive du manuel (2.310 Ko )
L'archive du jeu (fichier ISO) peut être utilisée telle que sous DOSBox (voir sa documentation) mais il est tout aussi simple de la décompresser sur CD-ROM (gravure) et de l'utiliser tout comme son modèle original. De plus, cette possibilité vous assure un niveau de perpétuation que ne garantit pas un disque dur et encore moins internet.
Lost Eden faisait encore partie de cette catégorie de jeux qui savaient se passer de mise à jour pour fonctionner correctement. Sans doute que ceux-ci avaient connu leur aboutissement en matière de développement avant d'être mis en commercialisation sur le marché ? Sans doute. On n'en est malheureusement plus là aujourd'hui, je vous l'accorde.
Toujours est-il que voilà l'occasion de se remémorer et de découvrir un titre comme on n'en fait plus tant la demande se tourne actuellement vers le cyniquement gore et l'hyperréaliste sanguinolent. Un jeu bourré de belles images, affublé d'une histoire bon enfant, limite candide, qui donne du baume au cœur, cela ne fait plus tendance...
Par contre Lost Eden est à ce point hors du temps et des contextes contemporains qu'il est de toutes les générations. Seule la technique utilisée pour son graphisme subit les assauts du veillissment.
Et encore: pour ceux qui n'ont pas les yeux qu'il faut, uniquement...












































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