THE LAST EXPRESS | |
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Février 2012
Données techniques :Type de jeu: aventure Version: française intégrale Conception: Smocking Cars Autres titres: - Distribution: Broderbund Sortie: mai 1997 Configuration minimum: Pentium 200 Système d'exploitation: Windows 98, Windows XP et/ou DOSBox Accélération graphique: logicielle Un seul joueur L'histoire du jeu : Cela fait maintenant quelque temps déjà que nos soirées sont saturées de feuilletons policiers dans lesquels serial killers et dévertébrés du bulbe sont confrontés à l'impitoyable bonne fortune de toute une cohorte d'experts en tous genres n'ayant de cesse que de confondre les premiers grâce aux révélations de la fameuse cellule épithéliale et du téléphone portable, pistant les criminels mieux que ne le ferait leur ombre. Pour ne plus avoir à supporter cet atavisme délictuel nauséeux systématiquement contrecarré par la biogénétique policière (ce qu'infirme la réalité de notre monde où la fripouille abonde), il resterait bien les émissions sportives comme dérivatif. Mais je serais tenté de penser que le remède serait encore pis que le mal. Non, sans façon. Par contre, si on retournait aux véritables fondamentaux, je dis pas... Ca vous dirait de revenir aux bonnes méthodes d'investigations classiques où tout dépendait de l'enquête de fond menée sur le terrain ainsi que du niveau de perspicacité de l'enquêteur, le tout transformé en jeu vidéo ? Des exemples ? Vous voulez des exemples ?... Et bien rien de plus simple, je ne citerai que l'excellent The Last Express qui renouait avec l'atmosphère dépeinte dans les récits d'Agatha Christie et notamment dans une de ses œuvres les plus connues: Le crime de l'Orient Express, dont je rappelle avec un plaisir non dissimulé que le personnage central (l'éminent détective Hercule Poirot) était, de par sa nationalité, citoyen belge. The Last Express était un jeu vidéo d'aventure, destiné au monde du computer, construit autour des techniques du point et click, contenant nombre de spécificités et particulièrement un aspect esthétique qui le rendait totalement atypique. L'aventure que le jeu proposait débutait à la veille du premier conflit mondial, dans une Europe sous tension, totalement inconsciente des énormes bouleversements qui allaient survenir ensuite et dont nous éprouvons encore les séquelles aujourd'hui. En 1914, les principaux moyens de transport longues distances se cantonnaient à la navigation maritime et aux liaisons ferroviaires. C'était l'époque de gloire pour tout ce qui fonctionnait à la vapeur. Traverser l'Europe (seulement pour ceux qui en avaient les moyens), consistait à utiliser un train de légende: l'Orient Express. Celui-ci reliait Paris à Constantinople (devenue ensuite Istanbul) en passant par de nombreuses grandes villes de l'Est (Munich, Vienne, Budapest, Belgrade). Réservé à une clientèle particulièrement aisée, ce train était l'équivalent des paquebots de luxe et offrait aux voyageurs tout le confort qu'un long voyage entrepris dans les meilleures conditions exigeait. L'aventure débute à la veille de l'assassinat du prince Ferdinand. Un jeune homme nommé Robert Cath (héros de cette aventure) se retrouve impliqué dans le meurtre d'un citoyen britannique. Afin de lui porter assistance, un ami lui donne rendez-vous au départ de l'Orient Express, train dans lequel Catch va devoir monter incognito, à la sortie de Paris (le joueur entre ici en scène). Il rejoint ensuite le bon compartiment. Mais de l'ami en question, il ne retrouve que le cadavre dont il fallait se débarrasser au plus tôt et dans la plus grande discrétion. La police veille et effectue des contrôles zélés afin de signaler, au prochain arrêt du train, tout ce qui lui paraît anormal. L'intrigue était cette fois sur les rails, si je puis m'exprimer ainsi. C'était au joueur de mener l'enquête. Interroger et écouter étaient les deux consignes à suivre pour progresser dans le jeu. Mais là où The Last Express se démarquait des autres jeux d'aventure c'était dans la prise en compte du temps qui passe, d'un minutage, d'une planification temporelle en quelque sorte. Contrairement à la majorité des jeux d'aventure où, lorsque le joueur marquait une pause (longue ou pas et quelqu'en soit le motif), l'aventure en faisait de même, The Last Express présentait un véritable écoulement du temps pendant lequel les différents protagonistes vaquaient à leurs occupations sans s'inquiéter de la passivité du joueur. Il en résultait que, si celui-ci ne rencontrait pas les bons personnages au bon moment, tout se terminait entre deux policiers (dans le meilleur des cas). Cette éphéméride rapportée à l'évolution de l'aventure avait d'autres implications plus opportunes que dans l'ensemble des jeux d'aventures comme, par exemple, le fait de se faire apostropher ou non par un intervenant (important ou pas pour la remontée du fil de l'histoire) en fonction du respect du timing. En effet, tous les personnages rencontrés dans le jeu n'étaient pas prêts à apporter leur concours au personnage principal et certains lui étaient même hostiles, alourdissant d'autant la progression. Cette contrainte de temps était heureusement contrebalancée par la présence d'une sauvegarde automatique qui permettait de reprendre le cours du jeu avant toute action ou omission importante. Toutefois, cela n'en rendait pas moins le jeu ardu. Techniquement, The Last Express était extrêmement bien conçu. Son interface était particulièrement intuitive et suffisamment minimaliste pour se faire oublier au profit du reste. La réalisation graphique était unique, notamment en ce qui concernait les personnages. On aurait pu croire, de prime abord, avoir affaire à une simple bande dessinée alors que ce n'était pas du tout le cas. Tous les personnages étaient réalisés à partir de mimiques d'acteurs filmés sur fond bleu, redessinés (physionomies parfaitement typées grâce à un procédé nommé "Grabface" qui reproduisait les expressions de visage sous forme de dessins) puis contourés et enfin incrustés dans les décors. Ces mêmes décors (notamment les intérieurs du train où se déroulait le principal du jeu) étaient reconstitués à partir de documents d'époque appliqués sur un squelette modélisé en trois dimensions avec un affolant souci du détail. Le tout était alors découpé en vues précalculées (à la manière d'un Myst) dans lesquelles on naviguait par succession d'images. Le résultat était particulièrement original et restituait indubitablement l'atmosphère du début du 20eme siècle. Le tout était affiché en 256 couleurs (640x480 seulement) et, malgré cela, affichait un détail et une authenticité remarquables. Il ne lui aurait manqué que le noir et blanc ou encore le sépia pour être parfaitement dans le ton de la période évoquée. Mais ce n'était pas imaginable pour un jeu vidéo, réellement. Quoi qu'il en soit, tout cela avait concouru à une excellente réalisation qui, alliée à une musique d'ambiance fort à propos ne distillant que des orchestrations classiques aux seuls moments propices, offrait un plongeon dans le temps du meilleur effet. De plus c'était sans compter sur une surprenante transposition. Le seul point noir, reconnu par tous à The Last Express résidait dans la très faible interactivité des dialogues qui sont intégralement parlés, ce qui donnait au jeu un style singulier et dynamique. Tout cela n'avait pourtant pas suffi au succès du titre. Malgré une excellente critique dans les médias dédiés au jeu vidéo, The Last Express paraissait trop corsé pour un jeu d'aventure à destination d'une clientèle disparate avec, sans doute et déjà, des appétences pour le casual. Je me range d'ailleurs dans cette catégorie en ce qui concerne mon implication dans The Last Express au moment où celui-ci est entré en ma possession, pour plusieurs raisons et notamment parce que cette arrivée fut, de loin, postérieure à l'époque de la sortie du jeu et inopportunément au moment où j'avais, sans doute, d'autres œufs sur le grill. Mais qu'importe, la ressortie d'un tel titre à l'occasion de la bafouille que je me devais de lui consacrer, est ma manière de reconnaître ses mérites et ses indéniables qualités. La boîte et son contenu : J'ai découvert la boîte de The Last Express à l'occasion d'une de mes visites (tout à fait occasionnelle) dans une grande surface de la capitale. Celle-ci n'offrait plus depuis bien longtemps déjà ses énormes rayonnages chargés de boîtes cartonnées constituant sans doute une offre des plus bigarrées dont j'ai bien peur de ne plus retrouver l'ampleur, la richesse et l'abondance de sitôt. Pour tout dire, plus le temps passe et plus cette période d'abondance me semble s'éloigner à jamais. Toujours est-il qu'à cette occasion, je ne pouvais déjà que constater l'ampleur des dégâts. Depuis longtemps déjà, les interminables rayonnages chargés de boîtes cartonnées avaient fait place à quelque présentoir miséreux dédié aux jeux PC sur lequel la disette régnait en maître incontesté. Or, par le plus pur des hasards, une boîte égarée résidait encore en ces lieux. Il s'agissait sans doute d'un article depuis longtemps perdu dans un local de stockage quelconque, découvert par hasard lors d'un grand nettoyage et ensuite replacé en pied de rayon en vue d'une liquidation rapide. Sans doute que cette liquidation tardait à venir car la boîte avait manifestement souffert de manutentions abusives. Ses angles étaient passablement écornés, sa face arrière portait les stigmates de l'excès de compression et il était manifeste qu'elle avait été ouverte de nombreuses fois, au regard de l'état usagé de la patte supérieure du boîtier. Mais, dans l'ensemble, rien ne paraissait irrécupérable et cet état était sans doute favorable à mon encontre puisqu'il avait, jusque-là, rebuté tout autre acquéreur potentiel. De plus, son contenu était intact. La chance était de mon côté. Pour quelques euros seulement, cette boîte que plus personne ne regardait devint mienne. Un rien de savoir-faire et un minimum de patience me suffirent à redonner la splendeur d'antan à ce très joli packaging. Le voici maintenant devant vos yeux ébahis d'admiration. Profitez-en. La boîte de The Last Express est composée d'un cartonnage de qualité moyenne, rigidifié par des renforts, avec rabats dessus et dessous disposant d'un volet supplémentaire fixé sur la face avant. Ce volet couvre la totalité de ladite face et, une fois ouvert, offre à la vue un tableau proposant un panel d'images fortes contenues dans le jeu. L'initiative est excellente mais la robustesse de l'ensemble est insuffisante pour résister longtemps aux mauvais traitements. Cette jolie boîte contient les éléments suivants:
Mon crédo vidéo-ludique implique de ne pas faire partie de ceux-là. Je suis intimement convaincu que vous pourrez encore lire ces lignes lorsque tous les serveurs de WOW se seront éteints. C'est une image, bien évidemment mais c'est pour dire... Et aujourd'hui ? The Last Express était une production multi plateformes puisque le jeu savait s'exploiter tant dans l'univers PC que dans l'univers MAC (mais dans une version dédiée). Non content d'afficher une transversalité bipolarisée sans égal, The Last Express savait s'installer tant sous Windows (version 95 à l'époque de sa sortie) que sous MS-DOS. A ce jour, The Last Express se permet même de fonctionner sur toutes les versions de Windows à partir de Windows 95 (dont vous avez peut-être entendu parler) aux toutes dernières versions 32 bits dudit système d'exploitation. A partir de là et pour le plaisir de s'y adonner, il va falloir utiliser un stratagème qui se nomme DOSBox et qui va faire revivre sous vos yeux émerveillés la bonne vieille version MS-DOS. Pour ma part, je n'aurai pas attendu ce moment puisque sur la machine qui me sert de référant et où réside toujours (et sans doute à jamais) une version de Windows 98, The Last Express est promptement installé sous DOSBox afin de s'exhiber dans sa seule variante MS-DOS. Parce que voilà. Mais pourquoi un tel rejet envers le système d'exploitation plébiscité par le plus grand nombre, me demanderez-vous ? La raison en est simple: DOSBox offre notamment (et ce n'est pas là le seul avantage, bien évidemment) un mode fenêtré qui affine singulièrement l'image. Pour le reste, rien n'est venu entraver l'installation du jeu, pas même une quelconque configuration audio pourtant tellement émouvante. Un petit tip technique: après installation sous DOSBox, j'ai rapidement constaté que le son était saturé de crépitements désagréables. Il n'y avait pas là de quoi me faire peur. J'en ai vu bien d'autres dans ma vie de gamer, allez. Vous ne voudriez quand même pas que le volet technique du jeu vidéo sur PC se limite à de simples installations sans faille suite à quelques simples clics de souris, tout de même ? Et l'apprentissage par la pratique, alors ?... Pour remédier à ce petit souci, je me suis prestement rendu dans le menu de DOSBox afin d'apporter une petite modification au fichier de configuration. En effet, dans la partie audio du fichier de configuration, le paramètre par défaut concernant le canal irq est le 7. Je l'ai simplement changé en 5 (qui est un autre paramètre courant). J'ai relancé le jeu pour constater que plus aucun crépitement ne subsistait. Autant le savoir, tout comme il est possible de tester d'autres paramètres que le 7 ou le 5 (lire le texte explicatif dans le fichier de configuration). En somme, rien d'autre que de la routine, quoi. Cette félicité cache malheureusement un énorme désenchantement qui est celui de ne pouvoir vous informer de la présence d'un tel titre dans les archives de l'abandonware francophone. Notez pourtant qu'il y a été référencé mais cette fois, j'arrive trop tard pour vous en informer utilement: http://www.abandonware-france.org/ltf_abandon/ltf_jeu.php?id=1045 Alors voilà: trop bien conçu, sans doute, puisque fonctionnant encore sans trop d'encombre, The Last Express a été convoité par le dématérialisé mercantile et est, à mon grand regret, définitivement passé de l'autre côté de la barrière du téléchargement gracieux tout autant que soucieux de la mémoire vidéo-ludique (cela devrait être, à tout le moins, la doctrine de l'abandonware). Pour que vous puissiez aujourd'hui en profiter, il vous faudra, à l'exception de faire appel à une connaissance bienveillante qui accepterait de vous faire profiter (je ne sais comment et ne veux pas le savoir) du jeu original en sa possession, débourser préalablement de l'argent provenant de la vraie life avant d'en obtenir une version utilisable (quoique encore sordidement intangible). Triste réalité de notre présent que voilà. Je n'ai pas honte d'avouer avoir très peu navigué sous The Last Express dont le genre satisfaisait principalement mon épouse et me reléguait généralement à la place de l'observateur attentif. Cela n'enlève rien aux mérites du jeu et quiconque pourra en apprendre bien plus sur cette question en consultant l'article de fond suivant: http://www.grospixels.com/site/lastxpres.php Malheureusement, The Last Expresse passa inaperçu à l'époque de sa sortie et connut l'échec commercial. A quoi étaient donc dus ses déboires ? Sans doute à une tardive apparition et à la singularité de son expérience dans le monde du vidéo-ludique où le jeu d'aventure commençait à désintéresser le grand public, allez savoir... Dépités, les studios de développement Smocking Cars ne renouvelèrent pas l'expérience. Il n'y aura jamais de suite. Et c'est plutôt désolant car The Last Express était et reste tout simplement excellent. Je ne crierai pas à la consécration mais sa ressortie dans le commerce du dématérialisé est, quelque part, révélatrice. La toile de fond est magnifiquement retranscrite et restitue fidèlement l'ambiance qui régnait dans ce célèbre train que fut l'Orient Express. C'est aussi un des rares jeux d'aventure à exploiter le temps réel. Le joueur ne s'y retrouve jamais bloqué mais, s'il lui arrive de louper une étape significative, cela a un impact direct sur la conclusion: sur une trentaine de fins différentes, seules quatre débouchent sur une réussite. Voilà de quoi vous détourner un homme viril et tout des coteries, des quêtes et des Dungeons & Dragons en tous genres. Ca donne envie, non ? |
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