HOSTILE WATERS | |
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Mars 2014
Données techniques :Type de jeu:stratégie temps réel/action Version: française intégrale Conception: Rage Software Autres titres: Darklight Conflict, eRacer, Eurofighter Typhoon, Expendable, La Guerre des Mondes, Hostile Waters, Incoming, Incoming Forces, Jonah Lomu Rugby, International Football 2000, Mobile Forces, Offroad Racing, Stricker 1, 2 & 96 Distribution: Ubi Soft Sortie: avril 2001 Configuration minimum: Pentium III Système d'exploitation: Windows 98, Windows XP Accélération graphique: Direct 3D Un seul joueur L'histoire du jeu : Voilà trente ans maintenant que les guerres ont été bannies de la surface de la terre (n'en croyez rien, je blague). Les grandes découvertes nano-technologiques qui avaient permis de créer des armes destructrices étaient enfuies au plus profond des océans. La notion même du conflit "inter n'importe quoi" avait à ce point été effacée des mémoires qu'elle n'aurait même plus pu servir de canevas au moindre scénario de jeu vidéo. C'est dire que, pour ce qui concerne notre avenir, le monde allait être mal fait. Heureusement, un consortium d'anciens dictateurs pavés de mauvaises intentions, ayant pu remettre la main sur divers éléments de cette puissante technologie, se préparait en secret à reconquérir le monde. Rien que ça. Mais, comme tout bon secret ne peut être que mal gardé (nous le savons que trop avec l'affaire NSA), des bruits de couloir avaient pu parvenir jusqu'aux oreilles des grands dirigeants du monde (quasiment) libre. Mais sans armes, allait-on devoir rester les bras croisés devant la menace grandissante ?... Non, fort heureusement ! Il restait, quelque part, tapi sur le fond des mers, le dernier des grands bâtiments constructeurs ne demandant qu'à reprendre du service. Bien entendu, un tel séjour dans les eaux avait endommagé la plupart de ses fonctionnalités mais, avec de l'ingéniosité et le concours d'un joueur futé, on parviendrait certainement à remettre cela en état et rendre le potentiel offensif du vaisseau suffisamment solide pour contrer les intentions hostiles d'un adversaire inconnu. Voilà, au bas mot, le scénario proposé par Hostile Waters, le jeu vidéo de stratégie en temps réel pour home computer conçu et commercialisé au début de l'année 2001 (à la même époque d'ailleurs que la fameuse Odyssée de l'espace que la réalité d'alors repoussait aux calandres grecs) par les studios de développement Rage Software Limited. Les géniteurs de ce pitch (puisque c'est comme cela qu'on nomme maintenant le moindre synopsis) étaient loin d'être des inconnus. En effet: Rage Software Limited était une entreprise qui avait connu une expansion rapide dans les années 1990, cela en partenariat avec plusieurs éditeurs de logiciels tiers afin d'assurer la distribution de ses titres. Les plus anciens d'entre nous (du genre de ceux qui traversèrent cette époque autrement qu'en courtes culottes) se souviennent parfaitement de la notoriété de Rage Software avec un titre tel que Incoming (1998), un shoot pur jus qui nous avait scotchés devant nos écrans CRT de 15 pouces, offrant avec ce jeu une démonstration technologique hors pair de ce qu'étaient déjà capables d'afficher nos rutilantes et coûteuses cartes graphiques 3Dfx. D'autres jeux du même éditeur me reviennent aussi en mémoire tels que Eurofighter Typhoon (2001), Darklight Conflict (1997) ou Expendable (1999). Je n'épiloguerai pas sur le fait que Rage Software fut surtout présent dans le domaine du jeu vidéo sportif, cette sphère ludique m'étant totalement inconnue. Cela étant, avec son Hostile Waters, Rage Software se lançait dans un genre qu'il n'avait pas abordé jusque-là : la stratégie en temps réel. Et, dans ce domaine, Hostile Waters aura apporté sa pierre à l'édifice avec un jeu parfaitement équilibré entre tactique/stratégie et action. Reprenons dans l'ordre: dans une grande séquence d'introduction, le joueur était mis au fait de la situation actuelle et des technologies mises à sa disposition. Il n'allait pas affronter l'adversaire seul car, dans leur grande clairvoyance, les dirigeants avaient conservé, sous forme d'intelligence artificielle, tout le potentiel de quelques combattants de la grande guerre. Celui-ci allait pouvoir être mis sous les ordres du joueur grâce à une interface de commande permettant de donner une quantité d'injonctions aux différents véhicules hérités de la nanotechnologie. Hostile Waters était sans doute le premier jeu de stratégie à autoriser un cumul important d'ordres successifs, ordonnancement inévitable pour la réussite des prochaines missions. Avec quelques véhicules seulement (car le jeu ne proposait qu'un très petit nombre d'unités différentes), la minuscule armada aux ordres partait à la conquête des bases adverses établies essentiellement sur différentes îles (genre reconquête du Pacific 1943-1945 si vous voyez ce que je veux dire, mais avec des moyens nettement plus faibles). La première mission servait de training tant en ce qui concernait l'interface de gestion que l'action sur le terrain. Rage Software se démarquait quelque peu des grands classiques pour tout ce qui était de la conduite de la manœuvre et voilà pourquoi il offrait une aide abondamment commentée et relative à la préparation à l'action. Mais, une fois les mécanismes du jeu bien acquis, le maniement de l'ensemble s'avérait agréable. Certains éléments de l'interface du jeu auraient pu faire penser qu'on se trouvait avec Hostile Waters devant un fac-similé de Battlezone premier du nom (l'écran radar, par exemple). Mais, malgré quelques points communs sur le fond et le gackground, on restait assez loin de ce que proposait Battlezone. Et il faut bien reconnaître que l'interface du jeu proposé dans Battlezone était quelque peu moins confuse que celle qu'offrait Hostile Waters. Dans son ensemble, chaque mission était bien édictée et il convenait d'en respecter le déroulement pour la réussir. Hostile Waters affichait un héritage provenant des jeux de stratégie en temps réel. La première chose à retenir dans Hostile Waters était que l'énergie se puisait dans le métal récupéré sur chaque île et que, pour ce faire, il fallait déployer sur place un récolteur (véhicule chenillé) qui se chargeait de transmuter les ruines laissées par le dernier conflit ou les bâtiments ennemis. Cette énergie récupérée ainsi qu'une épave d'hélicoptère de combat allaient permettre au vaisseau mère, via sa fabuleuse nanotechnologie recycleuse, de reproduire ce véhicule de combat. Chaque élément remarquable récupéré améliorait les qualités offensives de la task force du joueur et permettait la reconquête des îles les unes après les autres. Les missions étaient variées (quoique semblables dans leur principe) et l'adversité chaque fois renouvelée se montrait de plus en plus agressive. Les finesses du jeu obligeaient le joueur à réfléchir plutôt qu'à foncer dans le tas. Tout cela était à assimiler lors d'un long training reprenant les toutes premières missions et il convenait d'y prendre attention car le jeu nécessitait la connaissance d'un nombre de touches conséquent. Avec Hostile Waters, le joueur ne se trouvait certainement pas (et c'est tant mieux) devant un jeu clics souris dont on vante tant le gameplay aujourd'hui. Imaginez-vous installé aux commandes du centre des opérations établi dans les entrailles du vaisseau de guerre (nommé Antaeus) avec la possibilité de créer divers véhicules afin de pouvoir lutter contre un ennemi inconnu. Vous pourriez produire des engins de collecte, des hélicos, des avions. Vous équiperiez et donneriez à chaque unité un plan d'action sous forme d'ordres séquentiels (aller là, attaquer cela, récupérer ceci, protéger cela, revenir se recycler etc...) et observeriez à partir du vaisseau de commandement, le déroulement des opérations. A tout instant, vous pourriez prendre place à bord de chacun de ces véhicules afin d'accomplir les différentes tâches ou d'engager le combat. Ca m'a tout l'air de correspondre aux fondements même d'un jeu de stratégie en temps réel, non ? Et si vous regardez les captures d'écran, à droite, vous verrez qu'il y a aussi pas mal d'action. Graphiquement, le paquet avait été mis sur la représentation des explosions (les projections de particules, les fumées diaphanes, les débris, tout ça) et autres effets spéciaux dont Rage Software avait le secret. A contrario, les décors souffraient d'une pauvreté visuelle évidente. L'aridité des terrains abordés reflétait peu la luxuriance des iles du Pacific, à l'exception évidemment des zones ayant été dévastées par la guerre. Quoiqu'à la réflexion, ce soit peut-être ce qu'avait voulu représenter Rage Software afin de restituer une atmosphère post-apocalyptique. L'explication est peut-être à chercher là. Avec les machines actuelles (enfin : peut-être pas celles qui sont trop actuelles), il est maintenant possible de monter la définition de l'image au maximum de ce qu'il était prévu de donner et aucun ralentissement ne sera jamais à craindre. Les sonorisations, les ambiances musicales, les divers environnements et les clameurs du combat ne souffraient d'aucun défaut méritant d'être relevé. Au final, si Hostile Waters n'était pas l'exceptionnel jeu de tous les temps, attendu par tous, il n'en était pas moins un bon jeu de stratégie temps réel. Il arriva malheureusement un peu tard sur un marché offrant déjà une quantité de cadors dans un genre (le STR) qui battait son plein. C'est sans doute là qu'il faut chercher le faible aura qu'aura rencontré ce jeu face à un public rassasié par la concurrence. Si le jeu était sorti deux ans plus tôt, cela aurait peut-être changé la donne. On connaît des mésaventures semblables concernant des titres n'étant plus en phase avec leur époque (Daikatana, par exemple). Hostile Waters fut de ces jeux qui se vendirent mal, à l'instar d'un autre titre du même développeur, basé sur la franchise David Beckham. Ces déboires successifs auront finalement poussé Rage Software à prendre une décision irrévocable fin 2002. A l'époque où ce studio de développement se déclara en faillite, il était l'un des plus anciens développeurs de jeux encore en activité au Royaume-Uni. Le cimetière des développeurs morts au champ d'honneur n'avait pourtant pas fini de se remplir. La boîte et son contenu : Signée Ubi Soft, la seule boîte de Hostile Waters qu'il m'a été donné de contempler, restera à jamais présente dans les anales de mes grandes découvertes. Grande découverte, certes, mais à postériori et après avoir constaté le dédain inexcusable dont la version localisée fait encore l'objet de la part de l'abandonware francophone, au moment où je couche ces lignes. Notre rencontre remonte maintenant à l'un de ces jours sombres et hivernaux de ce tout début du nouveau millénaire où, comme à mon habitude, je me rendais dans une ziggourat sacralisée matérialisée par un pernicieux commerce de déstockage vidéo-ludique, situé à quelques minutes à pied de mon domicile professionnel de l'époque. Ce commerce constituait alors un véritable appel au viol du vœu d'abstinence que je venais de faire, deux secondes avant d'y pénétrer. Il ne s'agissait évidemment pas du vœu d'abstinence auquel vous pensez, petits sacripants et gourgandines, mais plutôt de celui de ne plus rien en ramener tant ma caverne d'Ali Baba personnelle débordait déjà de boîtes aux contenus ludiques dont il allait falloir trois vies entières d'oisiveté pour pouvoir les parcourir. Avec une boîte aussi séduisante que celle de Hostile Waters, le combat était trop inégal et le malin allait encore l'emporter haut la main. Notez que si je n'avais pas cédé à la tentation (non pas celle-là, enfin si celle-là aussi mais là n'est pas la question), vous ne seriez pas là à prendre plaisir à la lecture de mes digressions. Et je n'aurais pas le plaisir de posséder une pièce rarissime. Donc et pour en revenir au sujet qui nous occupe, c'était encore l'époque (ignorée des plus jeunes) où, sur d'interminables présentoirs, s'étalait une quantité impressionnante de jeux encartonnés proposés à des prix de liquidation. Je vous laisse imaginer trente secondes... Ok, cela suffit, je m'en voudrais de provoquer trop d'émoi. J'étais donc là, à contempler cette belle boîte orange aux reflets rougeoyants et au logo caractéristique de l'éditeur Ubi Soft (champion de la réédition/édition budget de qualité) qui devait, sans aucun doute, me susurrer "prends-moi et je serai enfin tienne". Voilà une invitation à laquelle aucun homme bien fait de sa personne ne pourrait résister. Ce jour là, il était écrit que, tout comme la chair est faible, je n'avais d'autre choix que de me précipiter sur celle-ci (la boîte) afin d'en devenir le seul unique et chanceux propriétaire, contre quelques malheureux Euros (ou francs belges de l'époque). Voici une description de ce joyau. La boîte est composée d'une base et d'un couvercle s'emboîtant impecablement l'un dans l'autre. Son revêtement affiche un aspect brillant plastifié et la teinte générale se cantonne dans des oranges chauds (voir aussi un peu couleur terre d'ombre) et les bleus océans. La décoration de la face avant est toute entière dans l'action en affichant un combat entre deux voilures (une analogie pour le terme hélicoptère) dont l'une apparaît comme particulièrement futuriste. A l'intérieur de la boîte se logent le CD-Rom du jeu dans son boîtier de cristal transparent ainsi qu'un auguste manuel d'utilisation de 32 pages intégralement traduit en français. On y trouve aussi un dépliant (2 x la taille du manuel) présentant un éclaté du clavier français avec l'affectation de toutes les touches utilisables dans ou en dehors de l'interface de commandement. Rien de plus, rien de moins. Dans la bibliothèque que je réserve expressément à cet effet, Hostile Waters a tout de suite trouvé sa place entre nombre de ses congénères. Rangée sur la tranche comme un ouvrage d'une collection d'incunables, la boîte de Hostile Waters fait toujours son petit effet de curiosité au milieu d'autres titres bien plus connus que celui-là. Maintenant que je sais qu'il se situerait plutôt dans la catégorie des softs historiquement délaissés (pis que délaissé: méprisé même), je le regarde avec un tout autre intérêt. Et aujourd'hui ? A la lecture de l'étiquette qui figure sur la tranche inférieure de la boîte et qui reprend la configuration nécessaire permettant de faire fonctionner le jeu, j'avais eu une légère crainte. En effet, il y est inscrit en toutes lettres "ne fonctionne pas avec Windows NT". Ce genre d'avertissement n'est généralement pas fait pour rassurer l'utilisateur sur l'éventuelle portabilité d'un soft ancien vers une plateforme plus récente. Mais cette crainte fut de courte durée, le jeu une fois installé sur une machine où s'ébroue encore Windows XP. Oui, parfaitement, ce même Windows XP dont on nous annonce la mort imminente, à grands renforts de propositions de remplacement (passant généralement par un changement de matériel à charge de l'utilisateur), alors qu'il ne s'agit en fait que d'un simple arrêt de maintenance sécuritaire, orientant ledit système d'exploitation vers un rôle qui lui conviendra parfaitement: le retrogaming hors ligne. En somme, voilà une fin de carrière préférable à un dernier voyage vers la décharge municipale la plus proche. Tout cela pour en arriver au fait que, malgré cet avertissement restrictif, Hostile Waters fonctionne parfaitement sous XP, compatibilité 95/98 activée ou non. Inutile d'épiloguer sur l'installation de Hostile Waters sous Windows 95/98 puisqu'aux origines, c'était son système d'exploitation privilégié. Ensuite, il n'y a plus que moi et l'un ou l'autre passéiste proclamé à utiliser ce système d'exploitation antédiluvien. Par contre et pour ce qui est de le découvrir lorsqu'on ne le connait pas, seul le marché du dématérialisé le propose contre monnaie sonnante et trébuchante. Si vous n'êtes pas anglophone, inutile de vous précipiter: la version française reste totalement introuvable. Et, comme si cela n'était pas suffisant, le seul patch correctif qui lui est destiné est tout autant manquant. Il l'est en tous les cas pour ce qui concerne la version française. J'ai tenté l'installation du patch version anglaise mais ce dernier ne convient absolument pas car, après sa mise en place, le CD-ROM ne fut plus reconnu. Conclusion: pour la version française du jeu, le patch version française est impératif. Heureusement pour moi, grand conservateur devant l'éternel, j'ai dans mes archives toutes les revues Joystick et tout ce qu'elles contenaient, depuis le numéro 54 jusqu'au dernier numéro paru. Le CD-ROM du numéro 127 offre l'immense avantage de contenir, entre autres choses très intéressantes, la version française du patch (v1.03 fr) pour Hostile Waters. Vous, je ne sais pas mais moi, j'étais sauvé ! Le patch corrige quelques broutilles de confort mais permet principalement de conserver la maîtrise des véhicules sans avoir à débrancher le joystick dans l'hypothèse où celui-ci serait présent et connecté (ce qui était mon cas). Si cela n'était pas fait avant installation du patch, l'action par véhicules interposés demeurait totalement incontrôlable tant qu'on ne débranchait pas le périphérique en question. Le patch installé, une option supplémentaire apparaît dans le menu de configuration (voir la capture d'écran) concernant ce petit problème. Voilà donc un jeu de stratégie en temps réel de bonne facture, qui n'a pas démérité mais qui pourtant subit l'abandon le plus complet, totalement incompréhensible si l'on se réfère aux principes de l'abandonware et en ce qui concerne sa version localisée, bien évidemment. Il se pourrait aussi que sa distribution fut à ce point discrète que Hostile Waters se soit évaporé complètement à quelques rares exceptions près (dont l'exemplaire en ma possession), à l'image de ce qui va se passer pour tous les jeux dématérialisés actuels, après leur période d'exploitation. Il n'y a pas à dire: l'industrie du jeu vidéo d'aujourd'hui nous assure un passage à la postérité dont nous avons déja de quoi être fier, par anticipation ! Heureusement, il n'en a pas toujours été ainsi et l'âge d'or du jeu vidéo, dans sa toute grande matérialité, résistera à l'oubli. |
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