DRAGON LORE II
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Mai 2014
Données techniques :
Type de jeu: aventure
Version: française intégrale
Conception: Cryo Interactive
Autres titres: Chronique de la Lune Noire, Conspiracy, Deo Gracias, Dragon Lore 1, Dune, Egypte 1156 av. JC, Extase, Hellboy, KGB, Commander Blood, La Machine à voyager dans le Temps, Megarace 1 & 2, Persian Wars, Pompei, Quiz Challenge Football, Losten Eden, Raven, RiverWorld, Saga, Salammbô, Thorgal, Ubik, Versailles 1 & 2, Zero Zone, Le 3ème Millénaire, Aliens, Atlantis 1, 2 & ;3
Distribution: Cryo Interactive
Sortie: janvier 1997
Configuration minimum: Pentium 200
Système d'exploitation: Windows 98 et Windows XP avec DOSBox
Accélération graphique: aucune
Un seul joueur

L'histoire du jeu :
Dans notre réalité, tout n'est qu'apparence. Quelle que que soit la distance qui sépare deux individus, la lumière allant de l'un à l'autre met un certain temps, aussi infime soit-il. Ce qui fait que le premier n'est plus là lorsqu'il est vu par le second. Conclusion: l'instantané n'est jamais que le reflet du seul passé et la fameuse "réalité augmentée" dont on se targue tant depuis peu ne fait qu'augmenter ce constat. Rien de plus.
Par contre, Dragon Lore n'a absolument rien à voir avec ce qui précède (la présente introduction ne vaut que pour ceux qui s'enorgueillissent d'être en phase avec leur temps). Cette aventure vidéo-ludique fut déclinée en deux épisodes dont le premier eut un franc succès auprès d'un public avide de jeux d'aventures se déroulant dans un univers héroïc Fantasy tout à fait improbable.
En voici une petite description:
Dans Dragon Lore 2 - Le Cœur de l'Homme Dragon, le personnage principal, jeune chevalier (fils du roi qui plus est) tout juste adoubé, se voit chargé d'une mission particulièrement périlleuse puisque le voilà mandaté pour retrouver le légendaire dragon de feu ayant appartenu à son père avant la disparition de celui-ci. Et pourquoi retrouver ce dragon si ce n'est pour affronter celui qui convoite le trône et qui veut devenir calife à la place du calife (tel un certain Iznogoud, grand vizir de son état, de sinistre mémoire) ?
Voilà donc le jeune Weber parti par monts et par vaux dans sa quête à l'animal mythologique. En chemin, il vivra de multiples mésaventures et croisera toutes sortes de personnages, notamment des gobelins à la réputation incertaine. Voleurs, vils ou lâches il faudra soit les combattre soit les rouler. Pour en venir à bout, Weber pourra faire appel au soutien d'un puissant sorcier. Son parcours sera parsemé de nombreuses quêtes secondères qui permettront d'alimenter une bourse souvent trop plate.
Tout cela entraînait le joueur dans de nombreuses heures de jeu palpitant dont voici les grandes caractéristiques:
Un bon 80 heures de jeu (comptez le double en ce qui me concerne).
Une visualisation à la première personne.
Quelques 20 combats et 10 joutes en 3D temps réel.
Plus de 60 personnages modélisés en 3D.
Et aussi des dialogues interactifs avec au moins 40 personnages.
L'interface du jeu était assez classique pour l'époque et se gérait uniquement avec la souris. On trouvait des zones d'état par-dessus l'écran principal et des zones d'inventaire par-dessous. Les déplacements étaient tous précalculés avec les décors (sublimes) immobiles. Lors des déplacements, une oscillation de l'image symbolisait la démarche du personnage et il lui était aussi possible de courir. De nombreuses petites cinématiques donnaient toutefois un semblant d'animation à l'aventure. La souri assurait la direction à prendre et permettait de fouiller les décors à la recherche des nombreux items qui s'y cachaient. Seuls les affrontements offraient la possibilité d'intervenir directement dans l'action.
Bien qu'offrant un graphisme amélioré, du bruitage réaliste, des musiques envoutantes (un véritable chef d'œuvre lyrique), une intrigue à l'amplitude renforcée et une difficulté bien sentie, Dragon Lore 2 ne connut pas de franc succès. On peut même avancer qu'il fut un demi-échec alors qu'il était pressenti en tant que futur classique de légende (dixit la revue Joystick, à l'époque de la sortie du jeu).
Edité par Cryo Interactive (studio de développement à la citoyenneté tricolore) Dragon Lore 2 (scénarisé par Bruno Martin et François Marcela-Froideval) approfondissait l'épopée des chevaliers & dragons bien mieux que ne l'avait fait l'épisode précédent. Ce second opus offrait une densité et un rythme narratoire particulièrement soutenus, entraînant le joueur dans un récit légendaire médiéval plus intensément que ne l'avait fait son prédécesseur, au point qu'il réussissait à faire oublier des mécanismes de jeu parfois superfétatoire.
Car, avec Dragon Lore, l'allégorie l'emportait sur le ludique. Le jeu se lisait, se parcourait et s'écoutait tout autant qu'il s'accomplissait.
Peut-être êtes-vous de celles et de ceux qui ont connu le jeu vidéo au moment de son apogée ?
Si pas, permettez-moi ce petit retour en arrière sur un studio de développement de renommée internationale, le temps d'occuper une clientèle captive et avant de passer à autre chose.
Cryo Interactive était une société française dont les origines remontaient au tout début des années 90. Elle se spécialisa dans les jeux d'aventure et les réalisations culturelles. Cryo était, à cette époque, symbolisé dans un logo de la société par l'image du visage d'une jeune femme mystérieuse endormie dans un container de cryogénisation. On découvrait cette personnification dans leur premier jeu intitulé "Extase" dans lequel le joueur devait donner vie à une androïde dont les traits étaient justement ceux de la mystérieuse entité endormie.
En 1997, la société lança Cryo Networks, département destiné à travailler sur le multijoueur et sur le SCOL (langage de développement de sites internet). En 1999, Cryo entrait en bourse avec succès : le cours de ses actions fut multiplié par vingt en quelques mois. En 2000, la société devient actionnaire majoritaire chez Dreamcatcher Games. Suite à l'éclatement de la bulle Internet en mai 2002, le cours de la société en bourse s'effondra brutalement. Cryo Interactive manqua d'être liquidée mais fut rachetée de justesse par Dreamcatcher Games (sa filiale nord-américaine). Suite au licenciement de plus de 80 % des effectifs, dont la production, la société ne compta plus qu'une douzaine de personnes. La branche Cryo Networks fut définitivement fermée.
Après des plans de licenciement successifs, privant l'ancienne structure de Cryo de toute sa substance, Cryo déposa le bilan en fin 2002. DreamCatcher Europe continua de commercialiser certaines franchises de feu Cryo. Début 2007, avec le rachat de DreamCatcher par Jowood, les derniers salariés de DreamCatcher Europe, anciennement Cryo, furent licenciés, mettant définitivement fin à ce qui restera la grande aventure du jeu vidéo avant son démantèllement et sa cartellisation entre les mains de quelques grands acteurs comme nous le connaissons actuellement.

La boîte et son contenu :
Il y a quelques années de cela maintenant, j'avais la faculté de me rendre régulièrement dans un commerce de déstockage qui se situait à quelques minutes de mon lieu d'activité. Celui-ci, dédié au domaine de l'informatique, affichait une véritable caverne d'Ali Baba en matière de jeux vidéo boîteusement encartonnés. Accolée à un des murs des locaux et empilée sur plusieurs grands présentoirs, une multitude de jeux commercialisés dans des coffrages hauts en couleurs et affichant une fraîcheur sans pareille (neufs et cellophanés, pour beaucoup) attendait patiemment le chaland.
A cette époque, les jeux empaquetés dans les pochettes élastomérisées, relevant du format DVD, prenaient le pas sur les boîtes cartonnées. Ces dernières étaient reléguées dans la classification des encombrants par une clientèle invoquant leur disproportion pour justifier (partiellement, car il y avait pis encore) une grandissante désaffection. Il s'agissait là d'une réaction consumériste attendue de la part de celui qui ne parvient pas se projeter dans l'avenir.
Vous n'allez sans doute pas me croire mais jamais il n'est entré dans mes intentions de vouloir démentir cette vision dépréciative (oh, que non) ! Car, mon seul et noir dessein était d'exploiter (conforter s'il le fallait) de tels errements "new-look" afin de m'approprier à vil prix (quelques euros, tout au plus) un maximum de softs au conditionnement promis à la vindicte et au désintérêt général. Le résultat obtenu dépassa d'ailleurs mes conjectures les plus folles.
Quel régal que cette époque où il n'était pas rare de me voir revenir au domicile avec plusieurs achats par semaine (voire plusieurs achats par jour !) au point d'être considéré en ces lieux (le commerce de déstockage en question) comme une attraction, surgissant ordinairement à heure fixe (celle du déjeuner), ne s'intéressant qu'aux présentoirs en question (et à leurs contenus, bien évidemment) à telle enseigne qu'il m'avait été demandé ce que j'en faisais (Ce que j'en fais ? Et bien je me les...).
Ma répartie avait alors été que je représentais un cartel de fidèles demeurant au secours populaire ou chez les petites sœurs des pauvres, ce qui était des plus hypocrite bien entendu car je n'ai jamais eu de propension à jouer les entremetteurs.
La malice et le penchant accapareur que l'on me prête sont sans limite, je vous l'accorde et m'en félicite à postériori.
Mais toute bonne chose a une fin et celle-ci survint par défaut d'approvisionnement chez le commerçant en question. De cette période bénie, je garde un souvenir ému ainsi qu'une quantité de jeux remisés proprement dans leur boîte cartonnée et conservés avec ménagement.
Les monnayer ou les échanger contre des jeux actuels ? Ah ah ah ! Je ne suis pas naïf à ce point !
Dragon Lore 2 fut parmi les titres que je moissonnai alors. La boîte dans laquelle il était enfermé était à elle seule évocatrice d'un règne féérique et lointain. Quand je pense que pour concevoir le caractère impactant d'un packaging tel que celui-ci, il faut maintenant posséder un Master en Sciences niveau Ingénieur Industriel à finalité Emballage et Conditionnement, moi je dis: maximum respect les petits gars !
Le packaging au lay-out particulier auquel était confiée la production des Studios Cryo était, dans l'ensemble, de très bonne facture. La boîte dans laquelle on pouvait trouver Dragon Lore 2 relevait du format destiné spécialement à la série des titres à tendance ludique.
Ca vous dirait de la découvrir ensemble ? Allez, approchez-vous plus près.
N'ayez pas peur, je ne mords que très rarement.
La boîte de Dragon Lore 2 est composée d'une base et d'un couvercle tout de blanc vêtus. Les deux pièces s'ajustent l'une dans l'autre sans excès ni défaut. Les dimensions hors tout sont parfaitement dans la norme. L'ensemble, une fois refermé, se couvre d'une jaquette coulissante sur laquelle est apposée l'ornementation du soft dont la teinte principale se confond avec un bleu nuit passablement mat, typiquement observé dans les régions du nord. La composition apparaît particulièrement attractive et parvient à mettre en valeur, sans aucune difficulté, un contenu virtuel heroïc fantasy.
Dans la boîte ouverte avec toute la délicatesse qu'exige son âge, on trouve un énorme coffret cristallin dissimulant les trois CD-ROM du jeu. Un gracieux manuscrit multilingue au format A5 de 60 pages, dont la couverture rappelle inévitablement la jaquette de la boîte, offre à la vue son contenu en noir et blanc décliné en plusieurs langues sur des pages luxueuses en papier glacé de fort grammage. Les instructions principales se limitent à préciser la signification de quelques icônes, le jeu se pratiquant uniquement via le clic de souris dans une totale intuitivité accommodée d'une gestuelle empreinte d'une grande cérémonie.
L'ensemble est complété d'une fiche d'enregistrement auprès de l'éditeur. Voilà bien une vacation administrative à laquelle je n'ai jamais donné suite, particulièrement dans le cas présent où il s'agit d'une boîte de jeu achetée d'occasion dans un commerce de déstockage bien après la fin de son cycle de commercialisation.
Actuellement, la boîte de Dragon Lore 2 séjourne agréablement dans une somptueuse bibliothèque et sur l'une des étagères réservées à cet effet. Elle s'ajoute à d'autres titres culturels ou ludiques plus ou moins attrayants de l'éditeur Cryo. Quelques-uns de ceux-ci proviennent d'ailleurs de la même source qui est celle dont il est question ci-avant.
Une place parmi les grands, ça se mérite.

Et aujourd'hui ?
Avec les jeux remontant à l'époque du MS-DOS j'ai au moins une quasi-certitude, c'est celle de pouvoir les faire fonctionner sans avoir affaire à la fameuse prise de tête tant redoutée par les néophytes. Je reconnais toutefois qu'il puisse exister l'une ou l'autre exception mais je n'y pas été confronté pour l'instant.
Et cette tranquillisation je la dois à quoi ? Certainement pas à la dernière version du système d'exploitation phare Microsoft Windows ultimate mouture (la meilleure avant la suivante) mais bien à un émulateur dédié à l'univers fabuleux du jeu vidéo de la grande époque, j'ai nommé: DOSBox !
Je me suis souvent laissé dire qu'il serait plus aisé de faire appel au commerce du dématérialisé vintage afin de "prendre" un antique soft fonctionnel clé sur porte en deux clics, plutôt que de me farcir la maîtrise d'un émulateur tel que DOSBox.
S'il s'agissait de combler une après-midi pluvieuse avant la diffusion d'un match de foot, j'approuverais ce choix. Mais, en ce qui me concerne, les considérations sont toutes autres et en plus d'assurer le fonctionnement de jeux remontant à l'ère de la ligne de commande en mode texte, DOSBox me permet de renouer avec leur emploi comme j'ai pu le pratiquer intensivement il y a bien longtemps maintenant.
La nostalgie rejoint ici un certain attrait pour la collection.
Attrait pour la collection mais aussi avec le sens de la conservation (de la contradiction) puisque l'abandon récent de Microsoft concernant la maintenance sécuritaire de Windows XP ne m'empêchera pas de continuer à utiliser des machines équipées par cette vénérable version du système d'exploitation le plus imposé, en concomitance d'ailleurs avec son préquel historique: Windows 98 !
Summum de la béatitude, aucune connexion avec la toile (outil de contrôle et de surveillance par excellence) n'est requise pour les jeux considérés oldies vintage de chez MS-DOS. Mon matériel est aussi sécurisé qu'une vie privée sans exposition sur Facebook.
C'est fou comme on peut se faciliter la vie avec quelques petits postulats du genre: "Il vaut mieux persévérer que renoncer".
Mais grâce à DOSBox, nous n'en sommes pas encore là car quel que soit le système d'exploitation utilisé, Dragon Lore 2 s'installe de la même manière qu'il le faisait à l'époque de sa sortie commerciale, lorsque son support était composé par trois belles galettes résineuses. Rien d'autre n'est à rechercher sinon la bonne configuration audio permettant d'entendre les voix. En théorie: Soundblaser 16 - 100% compatible devrait faire l'affaire.
Si toutefois ce n'était pas le cas, il existe une solution proposée à l'adresse reprise ci-dessous.
Il serait facile de vérifier si votre machine correspond aux besoins du jeu puisque Dungeon Lore 2 est toujours téléchargeable auprès du domaine abandonware français à l'adresse suivante:
http://www.abandonware-france.org/ltf_abandon/ltf_jeu.php?id=815
A cette adresse il existe plusieurs moutures du jeu Dragon Lore 2. Je ne retiendrai que celle d'origine et laisserai la version automatique (destinée à Windows) pour les dilettantes.
Il y est précisé que le CD-ROM num.1 (VF) apparaît baugé et présente les défauts suivants: pas de voix et plantage à l'introduction du tournoi.
Pour ma part, je n'ai pas constaté ces phénomènes, notamment à propos des voix qui, avec l'exemplaire de Dragon Lore 2 en ma possession, sont indubitablement présentes dès le début du jeu. Une correction de dernière minute aurait-elle été implémentée en cours production ou un défaut d'impression isolé ? Tout est possible en ce bas monde et les causes d'une contrariété en matière informatique peuvent être multiples.
Inutile de chercher le moindre correctif ou solution écrite, voilà un jeu d'aventures qui aura tenu toutes ses promesses face au joueur passionné. A ma connaissance (je précise), seule la revue Joystick a fait paraître un petit guide très résumé dans le tout premier booklet Soluces, proposé en complément de son mensuel numéro 84 de juillet/août 1997. Booklet que je conserve avec d'infinies précautions, bien entendu.
Dragon Lore 2 se jouait comme on pouvait feuilleter un bon livre. L'histoire qui y était contée avait une densité que les jeux actuels n'approchent plus. Une fois n'est pas coutume, ce sont les envolées lyriques des musiques accompagnant l'aventure qui entraînaient le joueur dans un univers acoustique approchant la transcendance. Cette musicographie surpassait allègrement les critères visuels aux effets spéciaux et pléthoriques qui prévalent actuellement.
Voilà pourquoi Dragon Lore 2 sera encore apprécié des seuls retrogamers avisés et restera ignoré par ceux qui ne sont appâtés que par ce qui brille.








































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